Rock |
On va essayer de rester zen, et éviter de sauter presto sur la boîte à superlatifs. Pas facile, si l’on énonce tout de go que Sufjan Stevens est à nos yeux le succédané quasi-parfait du McCartney de “Ram”, de la paire Moulding-Partridge du XTC d'”Apples & Oranges”, ainsi que de Jacco Gardner, du Turin Brakes de “The Optimist LP”, de Ron Sexsmith et Brian Wilson. Ce genre de club, rien que ça! Alors que tout semble avoir déjà été écrit et recyclé, ce zouave continue à pondre de la mélodie comme d’autres se mouchent, élaborant sans l’air d’y toucher ce qui commence bien à ressembler à une oeuvre. Cette fois, le garçon n’est pas gai: sa maman a été emportée par un cancer, et il morfle comme vous et moi en pareille circonstance. Mais là où nous exhumerions de vieux colliers de nouilles et des herbiers de fleurs séchées pour les humecter de nos larmes légitimes, lui fait simplement ce qu’il sait faire de mieux. Armé de guitares sèches et de son seul home-studio, il érige un mausolée où les sentiments parviennent à dépasser le trivial, pour élever l’auditeur jusqu’à des sphères insoupçonnées. Un disque expérience, entre le “Smile” des Beach Boys, “After The Gold Rush” de Neil Young, “Nights In White Satin” des Moody Blues et le “Mother” de Lennon. Une caresse qui pénètre jusqu’à l’os. E pericoloso sporgiersi.
Paris-Move