Blues |
Au début des années 90, le passage de Sue Foley dans un festival belge lui valut deux rappels fiévreux. Quelques semaines plus tard, le correspondant de Soul Bag osait affirmer que le public l’y avait boudée! C’est dire ce que ce petit bout de rouquine (réhaussée de ses boots) dut déployer de détermination pour s’imposer sur la scène mondiale. Les intégristes lui reprochaient tour à tour (outre son âge) son timbre de voix, ses racines trop blanches (elle est Canadienne) et sa timidité supposée. Un quart de siècle plus tard, alors que son âge a doublé, que voici son douzième album, et qu’elle a contribué à autant de ceux d’autres artistes (de Wayne Hancock à Steve Marriner, en passant par Lazy Lester et Candye Kane), ces pisse-froid ont dû quelque peu ravaler leur fiel. Car davantage que la Reine des Glaces qu’en annonce le titre, le parcours de Sue Foley tient surtout de celui la fille prodigue. Émigrée toute jeune depuis son Ontario natal jusqu’à Austin pour y côtoyer ses héros, elle y publia ses premiers enregistrements sur le mythique label local Antone’s. Sans que le rythme de ses tournées ne se tempèrât vraiment, elle fut forcée de se relocaliser un temps dans son pays d’origine, et ce n’est qu’en 2016 qu’elle revint s’établir à Austin, où personne ne l’avait bien sûr oubliée. Pour preuve, Sue Foley aligne au fil de cette rondelle les plus prestigieux guests indigènes, tous passés en voisins: Chris Layton (drummer de Stevie Ray Vaughan), Jimmie Vaughan (et son fidèle batteur, George Rains), et les guitaristes Derek O’Brien, Charlie Sexton et Billy Gibbons (les mêmes, oui!). Et ce qui pourrait passer pour un blues summit de plus s’avère de fait son album le plus abouti. Depuis le diddley-beat de “Come To Me” jusqu’au quasi-flamenco solo de “The Dance”, toute la palette de cette grande Dame s’illustre ici avec évidence et brio. Si la slide de Sexton zèbre le poignant “81”, Miss Sue n’a besoin de personne pour bouter le feu à son propre “Run” (réminiscent de la rage électrique du “Maggie’s Farm” de Dylan), ni à la plage titulaire (l’un des plus puissants blues jamais écrits sur la désillusion amoureuse). Et si les prestations de Jimmie V. et Billy G. (qui duettisent au micro avec elle sur deux titres) valent certes le détour, c’est encore à la Foley que revient le dernier mot, pour le country-blues “Cannonball”, qu’elle exécute seule en conclusion. Mademoiselle Sue, la maturité vous va si bien…!
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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Attendez, je reprends mon souffle. Cet opus est un ravissement absolu…!
La voix de Sue Foley constitue à elle seule une invitation totale à franchir les dernières marches du Stairway To Heaven! Et la liste des musiciens en présence ne fait que renforcer cette sensation! Charlie Sexton à la slide guitare, Jimmie Vaughan à la guitare, Billy F. Gibbons à la guitare et à l’harmonica et ces trois-là au chant sur trois monumentales compositions de la Miss, sans compter une ribambelle de pointures sur le reste de l’opus: Chris Layton à la batterie et Mike Flanigin aux claviers, John Bradley à l’Upright Bass, pour ne citer que ceux-là… Bref, toute la fine fleur des Bluesmen texans! Ce que la belle Sue Foley vous offre sur cet album, ce sont douze titres exceptionnels dans lesquels la Miss nous revient dans une forme surprenante. Et elle excelle aussi bien en formation électrique qu’en “unplugged”, et seule, ce que prouvent aisément “The Dance” et “Cannonball Blues”. Il faut dire que “He Said She Said” remonte à 2010 et que sa longue absence est due à un travail universitaire qu’elle souhaitait achever sur les plus grandes guitaristes féminines, “Guitar Women” qui existe en DVD et qui sortira prochainement en livre. Elle a fêté son retour avec deux Jungle Show effectués au célèbre Club Antone’s, et des vidéos ont immortalisé ces monuments magiques. Magique, sans doute le qualificatif qui va pour le mieux à Sue. Vous êtes magique, Sue!
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Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
Site officiel de Sue Foley: ICI
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