Southern rock |
Si Cologne, Munich, Berlin et Düsseldorf ont su développer dans les seventies des identités continentales spécifiques, le port de Hambourg demeure pour sa part la tête de pont des références anglo-saxonnes en Allemagne. Proche des accotements canoniques de la Reeperbahn, ce quintette teuton est constitué de jeunes vétérans, aguerris au sein de touring bands tels que celui de la Croate Vanja Sky (auprès de laquelle ils se sont récemment produits dans le cadre du célèbre programme télévisé Rockpalast). Sans surprise, le “Stony Rock” d’ouverture arbore les accents sudistes qui jalonnent le reste (avec séquelles patentes de Skynyrd). Le “Change” qui lui succède n’en affiche pas moins une touche Petty & Heartbreakers prononcée, mâtinée de réminiscences du romantisme new-yorkais des premiers Mink De Ville (orgue dylanien et effluves de slide lacrymale à l’appui). En dépit de son look de bikers hirsutes et tatoués, Stone Water nous épargne donc l’épreuve tant rabâchée de la reconstitution servile d’un âge d’or perdu, même si “Scarecrow” revendique sa part de swamp lascif façon CCR, et si la première partie de plage titulaire rappelle le Neil Young circa “On The Beach” (avant que l’Alabama n’y reprenne ses droits). L’excellent guitariste Robert Wendt signe l’essentiel de leur répertoire (dont deux titres écrits avec le chanteur Bob Beeman), mais leur manifeste tient dans la seule cover qu’ils s’autorisent: le “Sway” dont les Stones ornèrent “Sticky Fingers” voici plus d’un demi-siècle. Avec une section rythmique aussi souple et vigoureuse que leur créneau le requiert, un sorcier des six cordes ayant manifestement potassé le Sud de la Mason-Dixie line, et un chanteur-harmoniciste capable d’épouser les moindres inflexions de Ronnie Van Zant et de Chris Robinson (“Fare Thee Well”, “Second Floor”, “Back Door Man”, “Sweet Charms” ou le splendide et fourbu “If You Get Lost”), la Germanie tient peut-être en Stone Water un succédané crédible des Black Crowes (du moins dans leur première incarnation). Ce ne serait que justice, et c’est tout le mal qu’on leur souhaite : un premier essai des plus prometteurs.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, September 16th 2023
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