STEVE SUMMERS BAND – Rainmakin’

Casket / Copro Records / Plastichead
Blues-Rock
STEVE SUMMERS BAND - Rainmakin'

Le guitariste-chanteur anglais Steve Summers grenouille depuis des lustres dans la seconde division du blues électrique insulaire. Manifestement traumatisé par le grand Robin Trower, il s’est bricolé son propre power trio, à la tête duquel il sillonne le circuit des festivals et salles des fêtes de son pays. Il appartient à ceux que la presse locale désigne avec sympathie (et un brin de condescendance aussi) des stalwarts. Renforcés pour ce second album par un clavier bienvenu, ses comparses lui prodiguent l’assise sans faille que nécessite ce créneau. Il ne faut guère attendre de surprise du répertoire abordé, et le “Mean Mistreater” d’ouverture s’avère à cet égard sans appel. On a en effet rarement ouï en une même chanson pareil étalage de poncifs macho et de formules éculées, au point de pouvoir décomplexer les gauches songwriters français et allemands s’essayant laborieusement à ce type d’exercice! D’autres compositions, comme le plus convaincant “Second Hand Blues “, compensent en partie cette carence littéraire, mais il vaut mieux centrer son attention sur les évidents atouts de Steve: son chant assuré, mais bien entendu surtout, son jeu de guitare. Si ce dernier ne brille guère non plus par son originalité, il démontre toutefois un savoir-faire hérité de décennies d’assimilation des canons du blues-rock anglo-saxon (cf. ses soli sur les originaux “Comfort Me Baby” et “Tears Roll Down”). L’influence des pénibles Gary Moore et Joe Bonamassa se fait parfois lourdement sentir (sur l’aberrant slow mambo “In The Still Of The Night”, où flotte pourtant le lointain écho d’un Peter Green dévoyé, ainsi que l’oiseux instrumental FM “Rainmaker”). Bons points cependant pour la cover réussie du “Pretzel Logic” de Steely Dan, ainsi que celles du “Black Cat Bone” d’Albert Collins, du “Pride And Joy” de Stevie Ray Vaughan, et bien sûr, celle, excellente, du “I Can’t Wait Much Longer” de Frankie Miller et Robin Trower (issue du premier album solo de ce dernier, le fameux “Twice removed From Yesterday”). À noter: le compétent batteur Bob Pearce ici présent est l’homonyme d’un émérite guitariste-chanteur-harmoniciste de Southampton, pilier de la scène du sud anglais depuis un bon demi-siècle. Après avoir animé des années durant le modeste fanzine local BITS (pour Blues In The South), ce dernier s’est depuis tourné vers le gospel et une sorte de blues œcuménique, ne se produisant dés lors plus guère que dans les milieux paroissiaux. Pour en revenir au sujet présent, voici donc l’album sans à-coups d’un guitar-hero industrieux, Steve Summers, qui doit probablement s’écouler davantage au merchandising-desk de conviviaux après-concerts.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 22nd 2020