STEVE KRASE – Should’ve seen it coming

Connor Ray Music
Blues

Steve Krase a tenu à enregistrer son troisième album quasiment live, en deux nuits au Red Shack Studio de sa bonne ville de Houston, Texas. Le sentiment d’urgence qui transpirait de ses deux prédécesseurs s’en trouve étrangement atténué: si l’énergie du band y est préservée, le climat s’en avère plus détendu, swing et au fond du temps, comme en attestent la version du chaloupé “Crazy For My Baby” de Willie Dixon, et celle du “Let The Four Winds Blow” du regretté Fats Domino. L’harmo de Steve Krase en profite pour se permettre davantage de subtilités, d’autant que les six cordes du furieux James Henry cèdent ici la place à celles du plus subtil David Carter. Le guitar-hero local Mark May (ex-Agitators) s’invite sur la plage d’ouverture, tandis que Trudy Lynn apparaît encore aux backing vocals sur trois titres. Autre nouveau au registre du personnel, le pianiste Randy Wall impressionne sur l’amusante version actualisée du “World’s In A Tangle” de Jimmy Rogers, tandis qu’une reprise du “Shot Of Rhythm N’ Blues” d’Arthur Alexander (adapté en leur temps par les Beatles et les Flamin Groovies) confirme l’assouplissement du beat. Ne pas confondre avec assoupissement, tant la nouvelle direction rythmique du Krase Band persiste à inciter au boogaloo… Traduction la plus patente de cette orientation, la plage titulaire propose un rythme que n’aurait pas renié J.J. Cale, si ce dernier avait toutefois pu tolérer un harmoniciste aussi surexcité! Les ivoires de Randy Wall et les frêtes de David Carter s’y taillent une part royale, entre Dr. John et les Meters. Si vous ne l’aviez pas encore compris, on se déplace ainsi ostensiblement de Houston vers New-Orleans. Déjà adapté par le regretté Gary Primich, “Travelin’ Mood” (l’envie de voyager) confirme la tendance, sur un second-line beat similaire à ceux que pratiquaient jadis James Booker et Professor Longhair. “Troubles Troubles” de Clarence Frogman Henry poursuit dans la même veine, en remontant encore la timeline (Wall s’y donne à cœur-joie). Le shuffle “Make You Love Me Baby” de Jerry Lightfoot (qui aurait pu tout défoncer sur son passage, s’il était apparu sur les albums précédents de Steve Krase) s’avère ici un modèle de groove égrillard, où le leader laisse à nouveau ses deux co-solistes s’épanouir, pour se concentrer sur le chant et un solo d’harmo singulièrement nuancé (dans la veine d’un Rice Miller plutôt que celle à laquelle il nous avait habitués jusqu’alors). Signé David Krase (comme la plage titulaire), “Repo Man” perpétue la veine funky qui caractérise l’ensemble de l’album. Celui-ci se referme sur une superbe version de l’instrumental “Way Back Home”, signé Wilton Felder (Crusaders). Conclusion: si vous aimez votre blues façon coup de poing, reportez vous plutôt sur les deux premiers disques de Mr. Krase, mais si une certaine dose de swing emporte plutôt vos préférences, ce disque-ci vous sera davantage indiqué.
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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Release date: April 21st, 2017
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