Instrumental slide

Si vous n’avez pas encore eu le privilège de découvrir l’œuvre du Canadien Steve DAWSON (dont voici déjà le huitième album), attention: OVNI…!! Oh, certes, rien du type “post-metal-punk-indus-funk”, mais néanmoins le genre de choc rare auquel tout mélomane s’expose au fil d’une vie, pour peu qu’il s’avère un brin ouvert et curieux. Natif de Vancouver mais relocalisé à Nashville, Steve DAWSON y a installé son propre studio, où il enregistre et produit également d’autres artistes. Spécialiste du fingerpicking et de la slide acoustique, ce diable d’homme se pique pour la seconde fois d’un plein album instrumental. Sa vélocité évoque tour à tour le regretté Bob Brozman (“Bone Cave”), Missisippi John Hurt et Jorma Kaukonen (“Hale Road Revelation”). Des références aux gammes indiennes et hawaïennes le situent également dans le prolongement d’un Harry Manx, mais on ne s’en trouve pas moins en présence d’un authentique styliste, à la personnalité hautement originale. Il suffit pour s’en convaincre de considérer l’emploi inusuel qu’il effectue ici des arrangements de violon et de cuivres, en soutien à ses propres performances sur Weissenborn, douze cordes et ukulele. Le renfort du mandoliniste de renom John Reischman, ainsi que l’harmonica du vétéran de la scène locale Charlie McCoy rehaussent encore (s’il était besoin) ce monument, qui démontre comment les musiques traditionnelles issues de la première moitié du XXème siècle peuvent se perpétuer (sans cesser pour autant d’évoluer) par delà celui-ci.
“Lucky Hand”, un album d’une inventivité et d’une virtuosité confondantes, servi par de renversantes compositions: fans de Ry Cooder, Sonny Landreth et Kelly Joe Phelps, voici la bande originale de votre année!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

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