STEVE DAWSON – At The Bottom Of A Canyon In The Branches Of A Tree

Pravda Records
Folk-Rock
STEVE DAWSON

À ne pas confondre avec son parfait homonyme canadien (sorcier du fingerpicking, de la slide et des consoles, natif quant à lui de Vancouver et relocalisé à Nashville), ce Steve Dawson-ci est originaire de San Diego, et grandit dans l’Idaho, où il s’initia à la guitare encore adolescent, et composa ses premières chansons. Après quelques semestres d’apprentissage auprès de la fameuse Berklee School Of Music de Boston, il atterrit ensuite à Chicago pour y fonder son premier groupe, Stump The Host (dont il épousa la chanteuse). Menant à présent de front une carrière solo (quatre albums à ce jour) et celle de membre à part entière de la formation americana Dolly Varden, il a réalisé début 2020 l’acclamé Last Flight Out, avec l’ensemble folk-jazz Funeral Bonsai Wedding. Ce nouvel album (au titre interminable) n’en signale pas moins son retour en forme, car en dépit de la solide reconnaissance critique dont il bénéficie, Steve Dawson vient de traverser une crise personnelle majeure. Paradoxalement, la pandémie COVID n’y est pour rien, car les causes en sont plus anciennes. Déjà abandonné tout jeune par son père après le décès de sa mère, la perte de ses beaux-parents fin 2017 le précipita en effet dans les affres du doute et de la dépression, jusqu’à interrompre le flux continu d’écriture, d’enregistrements et de concerts qui l’animait depuis trois décennies. Il lui fallut, pour raviver sa flamme créative, participer aux ateliers de songwriting que tient chaque été dans les Catskills Mountains le grand Richard Thompson (avec l’appui de la guère moins brillante Patti Griffin). Entre les Eagles et les premiers efforts de Steely Dan, les “This Is All There Is” et “Forgiveness Is Nothing Like I Thought It Would Be” d’ouverture rappellent à bon escient leurs racines californiennes (de même que “22 Rubber Bands” et “Time To Remember”), tandis qu’avec son dobro et le banjo de Michael Miles, “The Spaces In Between” renvoie au Guy Forsyth le plus agreste. La profondeur et la qualité des arrangements de cet album réhabiliteraient jusqu’à la notion même de yacht-rock, si cette étiquette ne s’avérait trop réductrice en l’occurrence. Des plages aussi poignantes que “She Knew”, “Hard Time Friend” (entres les “Willing et “Truck Stop Girl” de Little Feat), ainsi que “I Will Never Stop Being Sorry”, “Beautiful Mathematics” et “We Are Walking In A Forest” (toutes trois dignes de David Crosby à son zénith) débordent généreusement ce cadre. Il ne manquerait que l’ombre de Neil Young pour compléter le tableau, et c’est précisément celui de “Zuma” (avec ses soli au sustain ombrageux) qui surgit au détour de l’épique plage titulaire. Hormis les apports ponctuels du piano d’Alton Smith sur deux titres (et celui, précité, de Michael Miles), Steve Dawson manie ici à lui seul une quinzaine d’instruments. À l’heure où l’on célèbre le demi-siècle du “Déjà Vu” de CSNY, cette galette vient à point nommé en prolonger l’héritage. Outre les douze plages de sa version vinyle, elle s’enrichit notamment de deux bonus tracks aux formats digital et CD (dont le splendide “You’re Trying Too Hard”, réminiscent de Nick Drake). Un grand disque, comme il paraît pourtant qu’on n’en fait plus. Tout le monde peut se tromper.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 22nd 2021

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Steve Dawson – Hard Time Friend (Official Video):

Steve Dawson – 22 Rubber Bands (Official Video):