Jazz

Naître à Rome le jour de la Saint Valentin ne peut que prédisposer à l’amour. Pour son dix-huitième album en près de trois décennies, le saxophoniste italien que le monde nous envie célèbre une fois encore sa passion pour sa culture vernaculaire, ainsi que celles pour le jazz et le cinéma. Après “Giù La Testa” en 2014 (avec le récemment disparu Sylvain Luc), “Italian Standards” en 2016 et “Morricone Stories” en 2021, c’est au fameux score du film éponyme de Fellini qu’il emprunte le titre de ce nouvel opus, avec la complicité des usual suspects que s’avèrent Dédé Ceccarelli, Daniele Sorrentino à la contrebasse, Fred Nardin au piano et le trompettiste Matteo Cutello. Celui-ci s’ouvre sur l’aérien “La Vita È Bella” de Nicola Piovani, où la vélocité et l’inspiration de chacun des solistes s’expriment avec générosité, avant que l’adaptation insturmentale du “Con Te Partiro” de Francesco Sartori et Lucio Quarantotto (popularisé par Andrea Bocelli) ne cède le pas à un lyrisme enveloppant. Et le cadre est posé: sans complaisance ni facilité excessive, mais avec la volonté sincère de rendre hommage à des standards éprouvés du patrimoine, Battista et son gang nous convient à une fête, dont se fait écho le facétieux “Tu Vuo Fa l’Americano” avec son jungle beat, autour duquel virevoltent les cuivres et les ivoires, comme des fanions. Le smooth “Roma Nun Fa’ La Stupida Stasera” permet au sax soprano des envolées passionnées, tandis que le thème titulaire (dû au grand Nino Rota) emprunte les atours d’une guinguette ragtime fréquentée par Fats Waller et Sydney Bechet. Ne répugnant pas à visiter le répertoire populaire, Stefano nous offre également ses relectures du “Via Con Me” de Paolo Conte, du “Volare” de Domenico Modugno et du “Una Lacrima Sul Viso” de Bobby Solo. Ajoutant au tableau ses transpositions du score de “La Califfa” (écrit par il Maestro Morricone), ainsi que celle de l'”Amarcord” de Fellini (à nouveau signé Nino Rota), Di Batista livre un disque d’une riche palette émotionnelle et d’une indéniable sincérité, servi par des instrumentistes de premier ordre.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, May 1st 2024

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