Jazz

L’essentiel ne réside pas dans les morceaux composés par les musiciens eux-mêmes, puisque Stefan n’a composé que Love PM, l’élément déterminant est plutôt l’interprétation qu’ils font des dix pièces ‘classiques’ puisées dans différents genres musicaux sollicités pour l’occasion: comédie musicale, tube de pop musique, morceaux fameux de la scène rock, jazz, etc…! Le centre de gravité de cet opus n’est d’ailleurs pas tel ou tel morceau interprété, mais plutôt l’orgue Hammond B3 si bien utilisé par le maître de cérémonie, Stefan Patry, l’instrument créé par Laurens Hammond en 1955. Il y avait eu auparavant des orgues de la marque Hammond et il y en eut d’autres ensuite, mais celui-ci, le B3, est le véritable chef d’oeuvre du grand génie que fut cet inventeur américain. Et l’artiste qui signe l’ouvrage aujourd’hui est l’un des plus illustres disciples français de l’instrument!
De l’autre côté de l’Atlantique nous avons Lucky Peterson qui enregistra également un brillant hommage à cet orgue célèbre, mais en évoquant ce disque, on ne peut oublier de citer les autres musiciens tant ils sont ici complémentaires au jeu du Hammond B3: Bernard Purdie à la batterie, Renato Caranto au saxophone ténor, Grant Green Jr à la guitare et donc Stefan Patry aux claviers. Sur cet opus, onze instrumentaux brillamment interprétés qui mettent superbement en valeur les morceaux joués mais aussi le jeu du claviériste. Celui qui veut jouer de la guitare façon jazz manouche, par exemple, adoptera des règles qui feront sonner le morceau choisi en jazz manouche. On peut ainsi imaginer n’importe quel morceau des Beatles sonnant jazz manouche. Celui qui choisira la trompette ne manquera pas de jouer dans un registre qui sonnera plutôt jazz, par exemple, car la musique est toujours plus ou moins tributaire de la façon dont on l’interprète et des instruments qui servent cette interprétation. Dans le cas présent, c’est exactement le contraire. Quel que soit le style, le genre évoqué, c’est le jeu du Hammond B3 qui va mettre sa griffe sur le morceau, qui va le tatouer, le marquer au fer rouge, d’une certaine façon. Avec toujours cette sensation que les musiques se plient a ses sonorités, à ses propres règles. Et lorsqu’au final on écoute de la musique joué sur un B3, on aime non seulement parce qu’il est reconnaissable entre tous, mais on l’apprécie aussi tout autant pour ce qu’il joue, interprète. Faites l’expérience et nous en rediscuterons…