Blues

Enfin, est-on tout d’abord tenté d’écrire. Enfin le génial guitariste-bluesman s’est finalement résolu à livrer en pâture aux auditeurs avertis ce qu’il sait faire avec les cordes et le manche de sa Gibson ES 335. Et ce qu’il vous propose sur cet opus est digne d’un maître-archer tirant les onze flèches de son carcan et faisant mouche à chaque fois, toutes les flèches venant se planter en plein centre, au cœur de votre sensibilité musicale.
Celui qui est l’un des quelques incontournables guitaristes (et musiciens!) de blues français nous livre sur cet album la quintessence de son talent et, croyez moi, il y en a pour bien plus que d’habitude car ce que le garçon nous propose n’a pas de nom tant le bonheur suinte à travers chacune des notes jouées.
François Fournet, l’instigateur du projet, l’accompagne à la guitare rythmique et ce sont ses fidèles compagnons, Thibaut Chopin à la contrebasse et Simon Boyer aux fûts, qui jouent la clef de Fa.
Le plaisir à écouter les onze morceaux est tel que la seule et unique chose que l’on regrette, dès la fin de l’écoute, est la brièveté de l’album. Onze fois trois minutes et quelques, cela fait un peu plus de trente cinq minutes et on enragerait presque tant c’est trop court au vu de la qualité de cette grosse demi-heure de prestation discographique. Mais précisons également que ni Stan ni aucun autre musicien ne chante sur cet album et que vous avez droit, ici, à un exceptionnel et long instrumental divisé en onze chapitres. Stan craignait-il de lasser les mélomanes non avertis en proposant un CD bien plus long? Sans doute, mais pour les autres, ceux qui savent apprécier, il faut reconnaître que Stan sait faire vibrer comme il se doit (en trop peu de temps, hélas) sa guitare.

Ne pas prendre le temps et la peine d’écouter (et réécouter sans cesse) cet opus, reviendrait à ne pas boire (et reboire) un verre de champagne quand l’ambiance fait plus que vous y inviter! Un disque qui ne désaltèrera jamais assez, car toujours vous aurez soif de le découvrir davantage. Excellent, comme l’un des tous meilleurs crus de champ. Vraiment excellent.

 

Fidèle ‘tortilleur’ de Benoît Blues Boy et sideman de luxe pour de nombreuses formations, dont Mama’s Biscuits au sein de laquelle il retrouve son compère et complice Thibaut Chopin, Stan Noubard-Pacha est incontestablement l’un des guitaristes de blues les plus connus, les plus appréciés et les plus sollicités de la scène blues nationale.
Manquaient à ce grand gaillard à la timidité et à la discrétion aussi fortes que son talent de gratteux deux choses : un album solo, avec si possible des compos, et une reconnaissance bien au-delà de l’hexagone.

Concernant le premier point, c’est (enfin!!!) chose faite, Stan Noubard-Pacha nous proposant son premier album au titre évocateur de la démarche entreprise, ‘Ready To Go’. Un album sur lequel nous allons revenir mais qui, en deux mots, frappe un ‘grand coup’. Gageons qu’avec cet opus aux qualités indéniables, le grand Stan verra s’ouvrir (enfin!!!) les portes de la scène blues internationale, le lascar rivalisant sans problème avec bon nombre de grands noms anglo-saxons de la six cordes blues.

Le pari de l’album sous son nom fut d’autant plus audacieux que Stan Noubard-Pacha n’est pas un chanteur et qu’il fallait donc proposer un opus intégralement instrumental. Ce que le guitariste hésitait à faire mais qu’un ami, Francois Fournet, l’incita à réaliser. Un ami auquel Stan rend hommage d’ailleurs dans le livret, car sans François, peut être, jamais cet opus n’aurait été enregistré. Et nous serions des milliers à le regretter…

Pour réussir le projet, Stan fit appel au guitariste François Fournet, bien sûr, mais aussi à ses potes de toujours, Simon Boyer à la batterie et Thibaut ‘tortilleur’ Chopin. Des musiciens qui contribuent à la réussite de l’opus, leur complicité totale se faisant étonnamment ressentir au travers des onze plages, comme si toutes ces compos, signées et cosignées Stan Noubar-Pacha, avaient été également écrites pour eux.
Et puisque le titre de l’album vous y invite, ‘Ready to go’!
Impossible de rester sur place tant le tortilleur va vous faire tortiller, à commencer par le premier titre, ‘Ready to go’, justement. Sur ‘Nasty’, le second titre, impossible de ne pas faire le rapprochement avec BB King tant le jeu de gratte du bluesman est énorme, tandis que sur le suivant, ‘Summer morning at your house’, le rythme lent et ouaté du morceau vous fera chavirer de tendresse. Un titre à faire figurer dans toute compil dédiée aux dîners en amoureux et auquel personne ne pourra résister. Un titre que l’on pourrait imaginer (espérer!) être repris par Gary Moore, dans une version sans retenue, avec guitare saturée à fissurer les enceintes et notes poussées jusqu’à l’orgasme…

Seule exception (qui confirme la règle) à cet opus ‘instrumental’, les chœurs qui ponctuent le refrain de ‘Fun In The Night’, comme une folle envie de se tortiller encore et encore avant l’exceptionnel ‘November days’, sans doute l’un des titres majeurs de cette galette. Un morceau que l’on offrira également à Gary Moore pour qu’il nous en fasse une version déchirée, le cœur sur la main, le regard dans les étoiles, remerciant mille et une fois ce grand compositeur qu’est Stan Noubard-Pacha. Dommage, mille fois dommage que ce titre ne fasse pas plus de trois minutes vingt six, car il aurait mérité le double,…au moins. Parions déjà que le Stan saura nous en proposer des versions plus longues en ‘live’…! Car c’est désormais ce que nous attendons avec impatience: entendre ces morceaux en live, et vite!

Un album indispensable à plus d’un titre, et que signe un grand, un très grand bluesman, Stan Noubard-Pacha. Respect, Monsieur!

Contact: stannp@free.fr