Blues

Ce qui est bien, avec les anglais, c’est que leur humour apporte toujours ce petit quelque chose en plus qui fait défaut à bien d’autres. Avec les Spikedrivers, le clin d’œil est double: ‘Seven’ est leur septième album, mais le plus, c’est que cet opus sortira le 7 septembre de cette année. Sept, un chiffre qui, espérons le, sera le chiffre chance de ce trio pour 2010.

Spikedrivers, c’est un trio composé de Ben Tyzack au chant, à la guitare et à l’harmonica, Maurice McElroy au chant, à la batterie et aux percussions, et Constance Redgrave au chant, à la basse, aux percussions et à la flûte.
‘Seven’ est leur quatrième album coproduit avec le légendaire ingénieur du son Phill Brown (Bob Marley, Talk Talk, Dido,..), et il consacre un groupe de blues vu notamment l’année passée au festival ‘Cognac Blues Passion’. Sur les 14 titres proposés sur cet opus, une seule reprise est glissée au milieu des compos du groupe, le traditionnel ‘John Henry’, arrangé à la sauce du trio. Un ‘John Henry’ acoustique bien éloigné de l’électrifiée ‘Ballad of John Henry’ de Joe Bonamassa, mais qui honorait, elle aussi, la valeur travail.

Auteur-compositeur de neuf morceaux de cet opus et cosignataires de quelques autres, Ben Tyzack possède un jeu de guitare particulièrement prenant, fait d’un mélange de delta blues et de folk-rock-blues tel que les Jimmy Page et Keith Richards des 70’s le jouaient. Logique, quand on sait que le lascar né à Londres a grandi dans le sud des USA, s’imprégnant pendant toutes ces années du blues le plus poisseux et le plus marécageux. Son jeu de guitare et sa qualité d’écriture propulsent à l’intérieur de certaines de ses chansons une telle émotion que vous en avez des frissons et les larmes aux yeux. C’est beau, c’est lumineux et intense à la fois, comme ce sublime ‘Such A Southern Place To Be’, blues lent sur lequel le saxo du guest Clive Ashley est du niveau de cette chanson : monumental.

Pour Constance Redgrave, qui signe un très beau ‘Natalie Walks’, ce fut le chemin inverse, puisqu’elle quitta les Etats-Unis pour aller à Londres où elle a joué avec Otis Grand, Steve Cropper et bien d’autres. D’origine amérindienne elle a tout naturellement apporté aux Spikedrivers son patrimoine des rythmes tribaux pour les faire fusionner aux lignes de basse et créer ainsi une atmosphère rythmique propre à ce groupe.
Sa voix, envoûtante et aérienne à la fois, vous capte et vous emprisonne dans un filet invisible dont vous ne pouvez plus vous libérer, comme sur ‘Come The Glorious Day’.

D’autres titres, tels ‘My Rooster Stopped Crowing’, cosigné par les trois musiciens, et ‘Spiked River Blues’ (Tyzack), respirent une telle fraîcheur qu’on croirait de vieux blues roots dépoussiérés et remis au goût du jour par le trio. Comme si l’on avait entendu ces chansons, il ya bien longtemps, et que l’on prend plaisir à réentendre. C’est dire la qualité des chansons, mais aussi de l’enregistrement qui doit beaucoup au coup de patte de Phill Brown.

Cosignataire de ‘Liquidate My Troubles’, Maurice McElroy est un chanteur-percussionniste qui fera pâlir plus d’un chanteur et plus d’un musicien tant le garçon est talentueux. Né à Belfast et descendu à Londres pendant le blues boom des années 60, passionné de flamenco et de rythmes africains, Maurice se voit surnommer ‘le maître du groove’. Ecoutez le à la batterie dans ‘Steady Rollin’ Train’ ou sur ‘When Love Begins’, deux titres sur lesquels son jeu est à l’opposé, percutant sur le premier titre et toute en douceur et en légèreté sur l’autre. La force dans un gant de velours, voilà comment on pourrait définir le style du ‘maître du groove’.

Chaque morceau est un véritable travail d’orfèvre, tout en restant d’une simplicité exemplaire. Pas d’arrangements surchargés ou d’effets multipliés, car avec les Spikedrivers vous êtes dans l’instantané, le spontané, le blues ‘vivant’ et qui vous touche au plus profond de vous, à l’âme.

Un album superbe, vraiment superbe !

CD disponible chez Proper en ‘import’, sur iTunes, Amazon.co.uk et sur le site du groupe:
www.spikedrivers.net