Blues-Rock

Ainsi qu’on le prétend souvent en pareil cas, Spencer Mackenzie s’avère en quelque sorte une vieille âme transportée dans un jeune corps. Comment expliquer sinon qu’à 22 ans à peine, son jeu de guitare exprime à ce point la mémoire encore vive de héros de jadis? À commencer par le regretté Paul Kossoff sur “Baptized By Cold Water” et la plage titulaire. Découvert tout jeune encore par feu Jeff Healey, ce post-adolescent canadien en est déjà à son troisième album, et ni le timbre de sa voix (à la fois mature et puissante), ni la maîtrise qu’il affiche, tant sur le plan des compositions et des arrangements que des instruments (Gibson, Strat et Telecaster), ne trahissent en effet la moindre hésitation. Si, de l’enfiévré “Test Drive” au funky “Can’t Do Right”, le kid ne semble pas encore tout à fait affranchi de l’ombre d’un certain SRV (les claviers généreux de Miles Evans y tenant à ses côtés le rôle de ceux de Reese Wynans auprès de son modèle), la présence en guest du fleuron de Stony Plain, Steve Strongman (sur la reprise du “Paranoia Blues” de Paul Simon) lui vaut déjà tous les adoubements. Le cuivré “Your Turn To Cry” et le soul piano gospel “Two Doves” le préservent d’ores et déjà du syndrome du shredder éperdu, et si la jeune garde du blues-rock élève désormais la barre à ce niveau, le metal, le rap et les multiples variants du disco n’ont plus qu’à bien se tenir!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 24th 2022

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Preach to my Soul – Spencer Mackenzie (Live From the Empire Theatre):