SPARKY PARKER BAND – In The Dark

Autoproduction
Blues-Rock

Dans la famille Parker, il y eut d’abord Peter. Comme le savent tous les comic freaks éclairés, Peter Parker n’est autre que l’identité civile de Spider-Man. Et tandis que ce dernier s’est fait une spécialité d’escalader les immeubles, Eric Parker, dit “Sparky” (l’étincelant) serait quant à lui plutôt du genre à grimper aux amplis. Ce Texan bon teint débuta dans sa bonne ville de Houston, à peine émoulu du lycée, au sein de deux groupes locaux: les rockers de Bayou Monster et Funky Mustard, et les blues-rockers de Mojofromopolis. Tout en accompagnant en tournées internationales les blueseuses Diunna Greenleaf et Vanessa Collier, il s’est gardé at home son propre trio, avec le bassiste Philip “Fender” Lock et le batteur Kevin Berry. Déjà responsables d’un “Live In Houston”, ces trois-là délivrent à présent leur premier véritable album studio. Y figurent, outre sept originaux signés Parker, trois reprises significatives : “Treat A Dog” de Bobby ‘Blue’ Bland, “Shake Your Hips” de Slim Harpo, et le “Dead Flowers” des Stones. Un trio texan de blues électrique, on connaît le schéma, et les références en viennent spontanément à l’esprit. Le challenge auquel se confronte Sparky consiste donc à ne pas trop les démentir, tout en y imprimant sa propre personnalité. Ce qu’il tente dès la plage titulaire qui ouvre le ban: son intro virevoltante à la wah-wah rappelle certes un certain SRV (dont il ne pouvait éviter l’influence), mais aussi d’autres ex-jeunes loups tels que Jonny Lang et Kenny Wayne Shepherd. Moins rauque que ceux des précités, le timbre vocal de ce Parker-ci jugule d’emblée ces comparaisons, même si le bien nommé “This Old Thing” ne brille pas par sa nouveauté. On y songe à Gravy, ce trio de Birmingham, Alabama, qui enflamma les ondes voici presque un quart de siècle, avant de disparaître comme il était advenu. Même fièvre funky dans la rythmique, et même lyrisme dans les soli de guitare. Qui oserait se prétendre rassasié de ce registre, qui irrigue nos musiques favorites depuis des décennies? La réponse déboule via le chuckberrien “8 Days In The Doghouse”: même si cela commence à relever du réflexe pavlovien, bon Dieu ce que ça fait du bien! Et trousser un bon vieux rock n’ roll vintage n’est pas si facile qu’il y paraît (demandez donc à John Fogerty). Dès “Games”, on entre dans le vif du sujet, pour un blues tempo medium façon Guitar Slim. Soit la cour réservée de Jimmie Vaughan: le genre de ring où l’on distingue vite les petits garçons des Messieurs. Comme tout Texan vous l’expliquera, n’importe qui (ou presque) peut décorner un buffle à 130 mph, mais la véritable Champions League demeure le slow blues. Pour dissiper toute ambiguité, Sparky déplace le match vers la Georgie, avec l’allmanien “Sleepy Town”. L’occasion pour la section rythmique de la jouer swing, et pour Eric de balancer quelques soli acides (et auto-doublés) réminiscents du fameux jam band. Le shuffle “Good Man” revient sur les platebandes familières (mais guère moins risquées) de Stevie Ray, et on ne peut qu’y concéder au perdreau une belle assiduité dans son apprentissage. Verdict: admis en classe supérieure avec les encouragements du jury. Devra toutefois cultiver son originalité s’il veut poursuivre dans la voie qu’il s’est choisie.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 13th 2019