SOUTH ISLAND RHYTHM KINGS – Still That Way Today

Blue Glue Records
Blues
SOUTH ISLAND RHYTHM KINGS - Still That Way Today

Vancouver, “vent couvert”… Si notre propre Véronique Sanson l’a célébrée dans les seventies, cette île de Colombie Britannique recèle surtout de nos jours l’un des viviers les plus actifs de la scène blues canadienne. Le cœur de ce quintette (dont voici déjà le cinquième album depuis 2018) réside dans le tandem complice que forment le chanteur et harmoniciste Lazy Mike Mallon, et son guitariste de rejeton, Carson. Produites par le bassiste renommé Jack Lavin (qui y officie également), ces treize plages recèlent sept originaux de la plume de Mike, servies en outre par le batteur Nick Dokter et le claviériste Dan Dube. Le tout est mastérisé en mono, après avoir été enregistré “live off the floor, the old school way”, à la manière de leurs idoles des années 50 et 60. Les modèles contemporains de la formation sont aussi patents dès la plage titulaire qui inaugure les festivités: le Hollywood Fats Band, Little Charlie & The Nightcats et les Cash Box Kings ont manifestement marqué de leur empreinte le style et le son de leurs émules canadiens. Le funky “Hard To See” ainsi que les jumps “I’m Getting Old” et “Don’t Go Away Mad (Just Go Away)” évoquent assurément la verve de Rick Estrin (désormais épaulé au sein de ses Nightcats par les non moins prodigieux Kid Andersen et Lorenzo Farrell). Qu’ils reprennent le facétieux “Cornbread Peas Black Molasses” de Sonny Terry et Brownie McGhee à la façon des Coasters qui auraient croisé Jimmy Reed, ou qu’ils s’expriment dans le registre swamp blues (“No Naggin’ No Draggin'”), dans celui des frangins Joe et Jimmy Liggins (“You Drink Too Much Booze”, proche du “Bad Bad Whiskey” de ces derniers), voire de Magic Slim (l’up-tempo shuffle “Someday”), la cohésion de ce solide combo n’en autorise pas moins chaque soliste à s’illustrer avec brio et concision. Carson slide à la manière du regretté Muddy Waters sur le languide chicagoan “I Live Out In The Country” de son paternel (seul titre de ce recueil à dépasser les six minutes), tandis que celui-ci y adopte le style de Big Walter Horton, et Dube celui d’Otis Spann. La propension de ces Rhythm Kings jeter leur auditoire sur le dance floor reprend ses droits avec l’enlevé “Thunderbird” (où Carson se cantonne à riffer en rythmique pour laisser le champ libre au piano), ainsi que les chaloupés (et paresseusement lascifs) “Sweet Potato Pie” (“yum-yum”) et “Oh Well Whataya Do” (ce dernier néanmoins traversé par un pont boogie effréné). Nos amis nous quittent en twistant le festif “Hoodoo Party” du Louisianais Tabby Thomas, et c’est le genre de conclusion à même de déboîter les rotules de tout sexagénaire retrouvant subitement les élans de sa jeunesse. Ces lascars semblent bien détenir les secrets du philtre d’éternité…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 1st 2022

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