| Soul |
Faut-il rappeler l’importance cruciale d’un label tel que Stax? Fondé à Memphis en 1960 par Jim Stewart et sa frangine Estelle Axton, on lui dut l’avènement d’une soul plus proche de ses racines gospel et rhythm n’ blues que celle de sa rivale de Detroit, Motown, avec pour artistes phares les légendaires Otis Redding, Booker T. & The MG’s, Rufus et Carla Thomas, Eddie Floyd, les Staple Singers, Little Milton, Sam & Dave, Solomon Burke, Wilson Pickett, les Bar-Kays et Albert King. Trois ans après le Woodstock Festival (presque jour pour jour), Al Bell, le boss du label (qui s’était mis en tête d’en ouvrir une antenne à Los Angeles), entreprit d’en livrer une version “black & proud”, à proximité de l’emblématique quartier de Watts (qui s’était illustré en 1965 par des semaines d’émeutes, suite à l’assassinat du pasteur Martin Luther King). Réunis dans l’enceinte du Los Angeles Coliseum (à ciel ouvert), plus de 100.000 spectateurs afro-américains assistèrent ainsi à plus de sept heures de show, au fil duquel se succédèrent les vedettes du catalogue maison, au premier rang desquelles Isaac Hayes (alors tout juste promu superstar, par la grâce de la B.O. du blockbuster “Shaft”). Sous l’égide du révérend Jesse Jackson défilèrent ainsi (souvent pour n’y interpréter qu’un titre ou deux) de grands oubliés tels que Jimmy Jones, le Rance Allen Group, The Golden 13, The Temprees ou Mel & Tim, mais aussi de grands noms tels que Luther Ingram, Rufus et Carla Thomas, Albert King, les Staple Singers, les Bar-Kays ou Eddie Floyd. S’il fut bien entendu tiré de ce méga-concert un film documentaire (fortement recommandé) ainsi que deux doubles LPs (tout comme pour la version hippie antérieure, censée témoigner de l’âge d’Aquarius), on ignore encore trop que dans la foulée, Stax organisa deux autres sequel gigs au Summit Club de L.A., où se produisirent ensuite des artistes tels que Johnnie Taylor, Little Milton et The Emotions, qui n’avaient pu être présents lors du festival. Un demi-siècle plus tard, le Concord Label Group et Craft Recordings ont réalisé un travail de Bénédictins, pour en célébrer l’anniversaire en publiant l’intégralité de l’événement en coffrets Deluxe (*). Les économiquement faibles ne sont pas oubliés pour autant, puisque les deux albums vinyles originaux parus en 1973 font également l’objet d’une réédition en fac-similé, et qu’un “Best Of Wattstax” condense en 20 titres la quintessence de l’événement (dont la fameuse harangue “I Am Somebody” de Jesse Jackson). L’occasion de réentendre les fiévreuses interprétations de “Lift Every Voice And Sing” par Kim Weston, de “I’ll Take You There” par les Staples, “B-A-B-Y” par Carla Thomas, “Better Get A Move On” par Louise McCord, “I’ve Been Lonely For So Long” de Frederick Knight (que reprit Mick Jagger il y a trente ans, sur son album solo “Wandering Spirit”), “Them Hot Pants ” par Lee Sain, “I Can’t Turn You Loose” par les Bar-Kays, “Theme From Shaft” par Isaac Hayes et “I’ll Play The Blues For You” par un Albert King en lévitation. Black lives matter puise encore une bonne part de son énergie dans ce creuset, et il ne tient qu’à vous d’y replonger à votre tour: chaud bouillant!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, February 19th 2023
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(*) Soul’d Out: The Complete Wattstax Collection is a 12-CD box set featuring the complete 1972 L.A. Memorial Coliseum concert plus recordings from the Summit Club, including 31 previously unreleased tracks across the collection. These recordings are housed in a folio with a 76-page, full-color book featuring an introduction by Wattstax creator Al Bell, and new essays by Rob Bowman and A. Scott Galloway. A previously unreleased version of the iconic soul funk anthem “Theme From Shaft” by the legendary Isaac Hayes from his headline set at Wattstax is available to stream and download here today.
Wattstax: The Complete Concert includes the full L.A. Memorial Coliseum concert and is available on both 6-CD and 10-LP formats. In addition to musical performances, it features all the speeches and other stage banter from the event, including event MC, the Rev. Jesse Jackson’s often referenced “I Am Somebody” speech. Both formats of this collection include the full-color book with introduction by Wattstax creator Al Bell, and essays by Rob Bowman and A. Scott Galloway that is also included in Soul’d Out: The Complete Wattstax Collection.
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https://www.youtube.com/watch?v=KCFyKRtlLOI