Blues |
Juste après Ry Cooder et Johnny Winter, et avant John Butler et même Kelly Joe Phelps, qui pouvait donc prétendre au podium des plus brillants acrobates de la slide guitar? Bob Brozman et Harry Manx, certes, mais ne néglige-t-on pas trop souvent ce taciturne killer qu’est Sonny Landreth? Né le 1er février 1951, ¬Clyde Vernon Landreth pâtit sans doute de son attachement viscéral à la Louisiane, où il débuta en tant que seul membre blanc de l’orchestre de Clifton Chenier. Le succès de l’adaptation de sa plus fameuse compo par John Mayall (qu’il accompagna un temps), “Congo Square” (dont Tom Principato fit aussi ses choux gras) n’y changea rien: Sonny demeure avant tout un musician’s musician. Qu’Eric Clapton le porte aux nues, ou encore qu’Alain Bashung l’ait employé pour son remarquable “Osez Joséphine” n’y remédie guère non plus. Le bonhomme compense pourtant son tempérament discret par un sustain et un toucher sans pareils sur la scène actuelle, toutefois guère avare en virtuoses flamboyants. Alors, pour tenter une ultime fois d’enfoncer le clou, notre guitar-slinger délivre, à 64 ans tassés, la plus convaincante des professions de foi, en adaptant à sa sauce relevée une brochette de standards tels que “Key To The Highway”, “Dust My Broom”, “It Hurts Me Too” ou encore le “Walking Blues” dont Paul Butterfield fit l’hymne que l’on sait. Ses propres originaux (lui permettant de rendre au passage un hommage incandescent au regretté Johhny Winter) ne déparent en rien l’ensemble, et nom d’un chien, si vous ne succombez pas ce coup-ci à cette slide électrique, aussi brûlante que charnue, vous pouvez vous réabonner au Chasseur Français, on ne vous regrettera pas…!
Paris-Move
La grande majorité des auditeurs des radios FM l’a déjà entendu dans le fabuleux Osez Joséphine d’Alain Bashung, l’amateur de chansons francophones sait qu’il est le guitariste habituel de Zachary Richard et l’amateur de Blues sait qu’il est l’un des plus redoutables slider de la planète bleue. Il a travaillé, en plus d’Alain Bashung, avec Stephan Eicher, Mark Knopfler et Bob Brozman, et il a été capté deux fois au Crossroads Fesival (en 2007 et 2010), sans compter tous les artistes qu’il a accompagnés en tournées, car le Sonny est très très demandé. Il ne revendique certes pas le titre énoncé ci-dessus, mais c’est bien en possession du petit tube de verre à l’auriculaire qu’on le voit sur les photos recto et verso de son nouvel opus, le dixième, Bound By The Blues. Que dire de celui-ci si ce n’est qu’il est somptueux…! Dix titres qui sont comme un véritable retour à la quintessence du Blues! Habile mélange de reprises et de compositions originales: Walkin’ Blues, Its Hurts Me Too, Dust My Broom ou Key To The Highway, entre autres, qu’il réussit à faire sonner de manière telle qu’on a le sentiment que ce sont de nouveaux titres que l’on découvre!
«Ce sont des grands joueurs comme Mississippi Fred McDowell, Rory Gallagher, Ry Cooder qui m’ont introduit dans l’univers du Blues, grâce à leur petit bottleneck, ‘goulot de bouteille’, d’autres comme Gregg Allman, Warren Haynes, Eric Clapton, Chris Rea ou Derek Trucks m’y ont définitivement confiné.»
Le virtuose qu’est Sonny Landreth devrait en faire passer d’autres par la petite porte étroite. Un Firebird Blues, du nom de sa guitare fameuse, est un magnifique instrumental hommage à Johnny Winter. Vivement une grande tournée française avec ce maitre es guitare slide!