Alternative Pop |
Entre Alex Chilton (“True Indication”, qui siérait comme une paire de mitaines à n’importe quelle B.O. de David Lynch, tandis que la pochette de cet album renvoie au fameux cliché de William Eggleston pour celle du “Radio City” de Big Star), Jonathan Richman (“I Want To Have A Baby”, “Blue Island”), Jeffrey Lewis (“The Mango Song”) et Brian Wilson (“Natural Condition”), Tim Howard (alias désormais SOLTERO à lui tout seul) appartient sans conteste à la lignée des grands mavericks devant l’Éternel. On pourrait presque, en étirant encore le champ des références, ajouter à cette liste David Byrne et Peter Perrett, mais la cour est pleine, n’en jetons plus… Aussi éclectique que les premiers Steely Dan, le caractère cinématographique de l’art de SOLTERO s’ancre sans doute dans son cursus initial d’étudiant en arts visuels. Parmi les rares geeks de sa génération à n’utiliser que des instruments organiques, il ne s’entoure que des musiciens nécessaires aux besoins de chacune de ses compositions. Son timbre nasal (proche de celui du regretté Lou Reed), sa polyvalence (il joue ici de tous les instruments, excepté le violon additionnel sur deux titres, et l’accordéon sur un troisième), son éclectisme (messieurs les classificateurs compulsifs, bon courage) et la profondeur de ses compositions (sous l’apparence trompeuse d’un dilettantisme affecté) le désignent comme le “well kept secret” idéal pour nos temps tourneboulés (une sorte de Mac DeMarco underground, en somme). Il s’avère même capable de rendre un hommage détourné à Gram Parsons, par le truchement des pochades country-rock en forme de bonbons au poivre (“New Revelations”, “Island To Island”). Au passage, SOLTERO se traduit en espagnol par célibataire, et celle qui se piquera de séduire un jour ce cœur à prendre aura intérêt à s’armer de perspicacité, de patience, et d’une sacrée dose d’humour…
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, May 13th 2019