SMALLS

Auteur : Jean-Noël Coghe / Les Presses Du Midi
Livre + CD
SMALLS

Jean-Noël Coghe, c’est un peu le Zelig du rock des sixties et seventies à la frontière franco-belge. Qui d’autre en effet pourrait se targuer d’avoir ainsi trimballé en mars 67 Hendrix et Noël Redding depuis Colombes et la Fac d’Assas jusqu’à Bruxelles (avec haltes de rigueur à Mouscron et Loison-sous-Lens)? Ou encore d’avoir joué les entremetteurs trois ans plus tard, pour la tenue dans la campagne wallonne du fameux festival d’Amougies? Sans parler de ses propres recueils de souvenirs ni oublier, bien sûr, son édifiante biographie de Rory Gallagher. À vingt ans, Coghe, tout juste promu correspondant local d’un Rock & Folk encore balbutiant, fréquentait un club-dancing frontalier de notre Hexagone, le Twenty. Chaque dimanche après-midi, la jeunesse désœuvrée post-yéyés (et pré-68) venait s’y ébattre au son des derniers 45 tours en vogue. Et parfois aussi, y goûter aux frissons dont ses équivalents britanniques et parisiens étaient alors bien plus régulièrement desservis. Venu les accueillir à Ostende dès leur descente du ferry, le jeune Jean-Noël accompagna quatre jours durant les Small Faces (et leur road manager) dans leurs pérégrinations au plat pays que célébrait alors Jacques Brel. Après un premier concert le samedi 8 janvier à la Peau De Vache (Flers-lez-Lille, commune fusionnée depuis en Villeneuve-d’Ascq), les Smalls conclurent donc leur séjour au terroir des frites et du vol-au-vent, par un set enfiévré au Twenty de Mouscron. Le gérant n’en était autre que Jean Vanloo, entrepreneur de spectacle à l’ancienne (et futur producteur du “Born to Be Alive” de Patrick Hernandez). Le physionomiste à l’entrée (c’est ainsi que l’on dénomme à présent les videurs) n’était pas des plus accommodants. Il faut dire que certains établissements frontaliers affichaient alors sans vergogne la mention “interdit aux chiens et aux Arabes”. C’est ainsi que Jimi Hendrix et Noël Redding ne durent, quelques mois plus tard, leur accès aux lieux qu’à l’intercession de Mme Vanloo, en dépit de la perplexité du gorille à la vision de leurs frisures. Bref, ces temps relèvent désormais de la préhistoire au regard des canons actuels de l’industrie du spectacle vivant, et ne constituent pas l’objet de cet ouvrage (même s’ils en illustrent le contexte). Dès cette première rencontre avec les Small Faces, Jean-Noël Coghe entretint avec eux une camaraderie qu’il érige désormais en amitié. Est-on jamais intime de vedettes dont l’aura confine au fil du temps à la légende? Le regretté Daniel Vermeille (qui fréquenta tant les Rolling Stones avant de connaître la déchéance) n’est plus là pour en débattre, et Coghe n’a heureusement pas suivi la même voie que lui. Quasiment édité à compte d’auteur, ce recueil propose, outre la prose mémorielle de ce dernier (amplement documentée de ses propres archives), de nombreuses photos exclusives du grand Jean-Louis Rancurel. Nombre d’autres ouvrages ont été consacrés aux Small Faces (la plupart en anglais), mais aucun n’a jamais proposé en bonus la cerise sur le gâteau que comporte celui-ci. Par un heureux hasard, Jean-Noël Coghe s’est vu remettre, près de quinze ans plus tard, l’enregistrement in situ de ce concert unique des Smalls au Twenty de Mouscron. Brut de décoffrage, ce document figure au format CD dans le package, et permet de découvrir, dans son jus, toute la sauvagerie et la puissance dont le quatuor de Pimlico était alors capable en public (avec un “You Need Loving” annonçant de manière flagrante le futur “Whole Lotta Love” du Zep, Marriott s’arrachant les cordes vocales de bout en bout, tandis que “Coming Home Baby”, “Strange” et “E Too D” préfigurent en total freakbeat les Prisoners de Graham Day). Agrémenté d’un autre CD constitué d’archives audio (interviews de Rod Stewart et Steve Marriott lors du festival de Bilzen en 71, ainsi que de Kenney Jones à Fréjus et Ronnie Lane, et une émouvante version de “April Fool” par ce dernier, cerné d’un casting de stars à l’issue de son propre Benefit Concert de 1983 à New-York) et préfacé par Bill Wyman en personne, un véritable travail de bénédictin, réalisé en outre avec la foi du sacristain. On ne s’étonne guère que les Anglo-Saxons nous l’envient…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 28th 2020

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SMALLS, à commander ICI, et vite, car il y en aura pas pour tout le monde!!!!
Broché – de Jean-Noël Coghe, avec la contribution de Bill Wyman (Préface).
Ouvrage livré avec 2 CDs

SMALLS est également proposé sur le site en ligne de la FNAC, ICI