SIMPLE MINDS – Street Fighting Years

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SIMPLE MINDS - Street Fighting Years :

Si, comme l’écrivit Nancy Huston, la politique est l’art du compromis, alors Simple Minds est sans doute l’un des plus grands groupes politiques de tous les temps. Songez que leur noyau fondateur s’est rencontré à un concert de Genesis, et que l’un des producteurs de cette magna carta de leur discographie n’est autre que le sorcier Trevor Horn. Moitié des Buggles, celui-ci fit un temps partie de Yes, et fut, avec Stephen Lipson, l’orfêvre du fameux “Welcome To The Pleasure Dome” de Frankie Goes To Hollywood (auquel contribuèrent même les guitares de Steve Howe et Trevor Rabin). Outre ces deux comparses, les “Simples d’Esprits” écossais accueillaient pour guests sur cet album (leur huitième) les batteurs Manu Katché (Sting, Peter Gabriel) et Stewart Copeland (Police), ainsi que Lou Reed en personne sur un titre. Les hits n’y faisaient pas défaut: outre le fameux “Mandela Day” (auquel faisait écho leur reprise du “Biko” de Gabriel), cet album proposait en effet le gaélique “Belfast Child” et le non moins engagé “This Is Your Land”. Alors en plein divorce d’avec cette virago notoire de Chrissie Hynde, Jim Kerr cherchait alors à s’émanciper des figures imposées dévolues à d’autres vaisseaux amiraux de la new-wave (elle-même alors en voie de désuétude). Nombre de titres sur cette rondelle figurent ainsi pour adverbes des indications de mouvement (“Soul Crying Out”, “Kick It In”, “Take A Step Back”, “Let It All Come Down”), ainsi que certains verbes d’action ascensionnelle (“When Spirits Rise”), dans des orchestrations équilibrant davantage qu’auparavant le numérique et l’organique. Alors que le quintette originel tendait à se résumer à son trio fondateur (soit outre Kerr, Mickey McNeill et Charlie Burchill), le Jim en question confirmait ses hautes capacités de crooner rock (ce n’est pas pour rien que d’aucuns le comparèrent alors à un autre Jim, Morrison). Gorgé jusqu’à satiété d’une quinzaine de faces B et de remixes (incluant pas moins de trois versions du “Sign O’ The Times” de Prince, ainsi que le soulful “Saturday Girl”, sans omettre un double CD live capté à Barcelone en 1989), ce coffret “Super Deluxe 30ème anniversaire” permettra à nombre de quinquagénaires de se replonger (la larme à l’œil) dans ce crépuscule des années 80 que nombre de leurs cadets (comme de leurs ascendants) leur reprochent parfois encore. Noise-gates sur les drums et flanger sur les guitares (mais un peu moins de synthés tout de même), toute une époque en effet.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 14th 2020

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