Folk, Jazz |
Batteur et claviériste émérite né à Rennes en 1960, Simon Goubert aligne un parcours des plus impressionnants sur la scène jazz et prog hexagonale. Compagnon de route de Christian Vander (qu’il rejoignit aux claviers dès 1983 au sein d’Offering, puis de Welcome, et enfin de Magma, où il officie encore de nos jours), il publia un premier album en leader dès 1991 (“Haïti”). Trois autres allaient suivre jusqu’en 1998, révélant au passage ses talents de compositeur, tandis qu’il se voyait décerner en 1996 le Prix Django Reinhardt du Musicien Français de Jazz de l’année. Après un trio avec Emmanuel Bex et Glenn Ferris, il intégra le quintette Pentacle de la pianiste Sophia Domancich, avant de co-fonder Soft Bounds avec la même, ainsi que les ex-Soft Machine Elton Dean et Hugh Hopper. En 2005, ces deux-là publièrent ensemble “Et Après” et “You Don’t Know What Love Is”. Après ces années consacrées à l’expression instrumentale, Simon a éprouvé le besoin de concrétiser un projet qui lui tenait à cœur de longue date: enregistrer un album dont la voix humaine tiendrait cette fois le rôle central. Que l’on se rassure: on est ici loin de Pow Wow (voire de toute réminiscence doo-wop), puisque, outre quatre vocalistes distincts, l’y entourent les cuivres de Vincent Lè Quang et Sylvain Kassap, les flûtes de Michel Edelin, le Hammond B3 d’Emmanuel Bex, la contrebasse d’Hélène Labarrière, ainsi bien entendu que le piano de Sophia Domancich. Alternant climats boisés dignes du Hadouk Trio de Didier Malherbe et psalmodies celtiques chantées en Breton (“Pennherez Ar Palud” de Pierre-Jakez Hélian), on peut ainsi y apprécier les cordes vocales d’Annie Ebrel, Pierre-Michel Sivadier et du slammeur américain Mike Ladd, ainsi que celles de la grande Stella Vander (notamment sur la bossa-jazz titulaire effrénée, où se distinguent aussi l’orgue et les cuivres, sous la direction expressive des baguettes du patron). Album forcément à part dans sa foisonnante discographie, ce disque ne s’en avère pas moins l’un de ses plus personnels, et en tout cas une brillante réussite collaborative en soi.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, October 25th 2021
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