Simo – Let Love Show The Way

Provogue/Mascot
Blues

Simo est un jeune trio qui nous vient de Nashville. Ne cherchez pas le sens du nom, c’est tout bonnement celui de leur leader et guitariste-chanteur. Ils entament avec le “Stranger Blues” d’Elmore James (au beat similaire à celui du “One Way Out” de Rice Miller, dont les Allman firent en leur temps ce que l’on sait). Après un premier solo à décorner un buffle, le bougre en cisaille un plus brutal encore au bottleneck, et on commence à deviner à qui l’on a affaire. Imaginez les Allman restreints au format basse/guitare/batterie. Je sais, ça existe et ça s’appelle Gov’t Mule, mais dans le cas présent, pas de voyages spatio-temporels, non plus que de reggae, de jazz-fusion ou de covers de Pink Floyd. Que du saignant, comme ce riff richardsien de “Can’t Say Her Name” ou les heavy blues “I Lied” et “Becky’s Last Occupation” (dignes de Mountain), le tout zébré de soli telluriques où dansent les ombres tutélaires de Duane, Rory, Stevie Ray et Jimi. Comme sur “Electric Ladyland”, on entend des bandes jouées à l’envers et des transmissions radio émanant de tours de contrôle en perdition. Et aussi des perles soul passées au kérosène, comme ce “Please” jubilatoire, scalpé d’une slide fumante. Tels des Blue Cheer du 21ème siècle, nos lascars ne rechignent pas à asséner à l’occasion quelque hymne lysergique et heavy, ainsi ce “Long May You Sail” propre à faire décoller une foule en extase. “I’d Rather Die In Vain” convoque pour sa part Taste et le Jeff Beck de “Truth”: bon Dieu, c’est le festival d’Atlanta en 70 ou quoi? Pour faire bonne mesure, ils confirment qu’ils peuvent également jouer le blues électrique comme leurs modèles, et je défie tout fan de l’Allman Brothers Band de réprimer une larme à l’écoute de “I’ll Always Be Around”.
Bref, ce siècle semble bardé de failles dans l’espace-temps, et celle-ci nous épargne judicieusement (et pour une fois) toute menace de revival disco. Aussi jeunes, fougueux et téméraires que leurs glorieux aînés quand ceux-ci foulaient notre planète de leurs boots crasseuses, Simo mérite votre attention. Vous en serez amplement recompensé.

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico / BluesBoarder