Livre

Cette sortie simultanée des volumes 1 et 2 de Shibuya Hell le 3 juin – un poisson d’avril repoussé pour les raisons que l’on sait – pose un nouveau jalon dans le monde du manga seinen à sens de lecture japonais dont, rappelons-le, les jeunes hommes pré-trentenaires sont la cible éditoriale. Il est en effet question de survival horrifique à Shibuya, quartier branchouille de Tokyo (cf. le carrefour Hachiko, en son épicentre) occupé par des poissons anthropophages d’origine inconnue. L’histoire sans queue ni tête, mais avec des nageoires et des branchies, s’inscrirait dans la tradition anxiogène de Sans Un Bruit ou débilifiante de Sharknado si elle était portée à l’écran. Mais sous le trait d’Hiroumi Aoi, conjuguant bouches en coin et placements de produit (Clarion), on goûte de près au sauve qui peut (tome 1 centré sur Hajime, lycéen vidéaste) puis à la loi du plus fort (tome 2 sur Le Furet, SDF samouraï). Plus intéressantes que les scènes – parfois peu lisibles – d’étripage ou d’éjection d’alevins des cadavres, les dérives comportementales altruistes ou égoïstes sont révélatrices de la nature humaine dans l’adversité.

Jean-Christophe Baugé
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PARIS-MOVE, May 25th 2020