Blues, Jazz, Soul

Comme en témoignait le documentaire “20 Feet To Stardom”, la condition de choriste peut s’avérer ingrate. Il suffit de considérer les destins respectifs de Merry Clayton, Claudia Lennear, Martha High ou encore Lisa Fischer, pour mesurer la frustration que peuvent ressentir celles et ceux qui offrent, sur scène comme en studio, leur soutien vocal à des stars établies, pour n’en recueillir le plus souvent que des miettes de reconnaissance. C’est pourtant ce que vécut Shayna Donnell Steele plus de vingt ans durant, dans l’ombre d’artistes aussi divers que Bette Middler, Rihanna, Moby, Steely Dan ou Snarky Puppy. Après deux EPs et deux albums publiés sous son nom (sans grand écho), Shayna Steele sort à présent le grand jeu pour ce “Watch Me Fly” au titre opportun. Comptant parmi son band son propre mari (le pianiste David Edward Cook, qui produit également la galette), elle ouvre sur le mode brasilian soul si cher à Bebel Gilberto et Ed Motta, avec un “Be” aussi trépidant qu’ébouriffant, où elle dévoile un aperçu de son impressionnant panel vocal. Les deux covers qui suivent (l’énergique “That’s What Love Will Make You Do” de Milton Campbell et le languide “Baby Be Mine” de Rod Temperton) introduisent l’émouvant original “Treat Me Good”. Le genre de soft killer que Roberta Flack et Whitney Houston transmutaient en or au temps de leur splendeur. Chœurs soulful à souhait et crescendo dramatique de rigueur: pour résister à pareils épanchements, il faudrait être affligé d’un cœur de pierre. Il n’est que temps de rejoindre le dance floor pour sécher son trop plein de sécrétions lacrymales, comme vous y invite le trépidant “Shadow”, sur un mode louisianais jadis cher aux Meters. La plage titulaire, poussée par des choristes en mode Ikettes et le Fender Rhodes de Monsieur, s’embrase d’un incendiaire solo de guitare, tandis que Madame y entreprend l’escalade des pendrillons… Une adaptation du standard jazz “Secret Love” démontre ensuite l’étendue de sa versatilité, soutenue par une rythmique aux accents latins et un renversant solo de piano de son légitime. Les bluesy “Life Goes On” et Wash Me Over” n’ont dès lors plus qu’à vous cueillir à l’estomac. Il ne vous reste qu’à vous cramponner aux cordages, tandis que la Lady laisse libre cours à un tempérament digne des grandes divas de ce registre. Un album d’une classe et d’une vigueur jamais démenties, et l’avènement au grand jour d’une vocaliste de premier ordre!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 18th 2019

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Voici le troisième opus de Shayna Steele qui a débuté sa carrière de chanteuse derrière Rihanna, Kelly Clarckson, Bette Midler, Moby, Snarky Puppy ou Steely Dan et qui brille également dans des comédies musicales. Un disque dans lequel on retrouve 4 reprises et 6 nouvelles chansons toutes teintées Blues, Gospel, Soul ou Jazz. Son multi claviériste (piano, Hammond B3, Rhodes, Würlitzer, Mellotron et autres claviers) David Cook est également son compagnon et le co-compositeur des 6 chansons qu’ils ont signées ensemble. En ce qui concerne les reprises, elles sont signées Milton Campbell alias Little Milton, guitariste et chanteur de Blues, Rod Temperton, auteur compositeur anglais (Mickael Jackson, Donna Summer, Quincy Jones et j’en oublie un grand nombre…), Sammy Fain/Paul Francis Webster et E.H. Morris/Paul Williams. Un guitariste, un bassiste, un batteur et un percussionniste complètent sa formation. Dotée d’une voix puissante, je la préfère pourtant dans les chansons plutôt douces. Ecoutez par exemple “Home” et vous conviendrez qu’il y a de quoi tomber à la renverse tellement son chant est convainquant. Shayna Steele n’est pas une inconnue dans l’hexagone et à la lumière de ce nouvel album on ne peut que nous souhaiter qu’elle repasse par chez nous dans les mois qui viennent!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, April 29th 2019

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