SHAWN KELLERMAN – Kell’s Kitchen

Songsurfer Records
Blues, Funk
SHAWN KELLERMAN - Kell's Kitchen

Originaire de Kitchener dans l’Ontario, le guitariste canadien Shawn Kellerman accuse un quart de siècle de carrière en tant que sideman de pointures telles que Mel Brown, Bobby Rush et Lucky Peterson. Pour son premier album solo en quinze ans (et son troisième à ce jour), il aligne douze originaux et deux covers, ainsi qu’un bel aréopage d’invités. Dès le funky et effréné “SKB” d’ouverture (pour Shawn Kellerman Band), il lève toute ambiguïté : ce disque se place sous les auspices de la virtuosité et de la bonne humeur. Si notre homme n’ est  certes pas le blues shouter de la décennie, son jeu sur le manche s’avère de nature à vaincre toute réserve. Une impression qui se confirme avec “Drivin'” (largement inspiré du “Crosstown Traffic” de Jimi, wah-wah incluse), comportant la voix de sa régulière, et “Show Me What You Got”  (dans la ligne de Maceo Parker et des JBs). Shawn compense ses propres limites vocales par le renfort d’un vaillant panel de choristes féminines, tout en y dispensant un feu d’artifice de licks incendiaires, savamment intriquées dans un écheveau de cocottes heavy-funk. Son ex-employeur Bobby Rush fait un cameo sur l’enlevé “We Are Blues Men”, où il duettise du gosier et de l’harmonica avec un Shawn manifestement aux anges. Le blues à proprement parler déboule ensuite avec le mid-tempo “Together”, dans la veine vernaculaire des regrettés Albert King et Luther Allison. On s’y enfonce plus avant avec le North Hill Country “Hard Man To Please” où les six cordes de Shawn virevoltent en slide, et introduisent le grand Jason Ricci, dont l’harmonica flamboyant illumine également le jovial “Runnin’ Back To Saskatoon” (des Canadian heroes Guess Who) et le deep down ‘You’re Gonna Learn From This One”. Moulinée via un effet de pédalier, la guitare du funky “Bad Mamma Jamma” rappelle certaines expérimentations sonores de feu Frank Zappa circa “Apostrophe”, tandis que le lead vocal de “Down By The River” (sans rapport avec le titre éponyme de Neil Young) échoit à la choriste Noah Allard, et celui du Chicago shuffle “Mac & Cheese” à ZOOM (soul singer du Michigan, avec lequel Shawn enregistra naguère un album entier). Entre funk et jazz ellingtonien, le joyeux instrumental cuivré “JIG JIGGITY” n’aurait pas déparé le répertoire du Stevie Wonder de “Songs In The Key Of Life”. La slide furibarde de feu Johnny Winter semble se réincarner sur le up-tempo “In A World Of Blues”, avant que la conclusion ne revienne à une reprise du “Living Off The Love You Give” dont Little Milton fit en son temps un hit (avec pour guest le regretté Lucky Peterson au Hammond B3). Un album de guitar-slinger, manifestement heureux d’y déployer les multiples facettes de ses talents… Essayer de l’imiter risquerait de vous occuper un sacré bout de temps.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, March 25th 2024

::::::::::::::::::::::::::