Garage-Punk |

Conséquence de la partition des Pays-Bas qui donna naissance à la Belgique en 1830, le Limbourg désigne deux provinces homonymes situées de part et d’autre de la même frontière (chef-lieu côté belge, Hasselt, et son pendant batave, Maastricht, sous les remparts duquel périt notre d’Artagnan en 1673). Depuis l’Experimental Tropic Blues Band, les Seatsniffers, Boogie Beasts et autres inénarrables Fifty Foot Combo, on sait que la partie néerlandophone des voisins immédiats des Ch’tis regorge de formations plus échevelées les unes que les autres en termes de garage rock et de boogie vicié. Mixant Hollandais et Flamands, The Sha-La-Lees n’en est qu’à son troisième album en dix ans de sacerdoce, mais on y retrouve inaltérée l’urgence que le quatuor déploie sur les planches (ainsi qu’en témoigne le parfaitement intitulé “In Motion” qui inaugure cette nouvelle bacchanale). Mêlant le feulement de l’harmonica crade de Christophe Vaes au chant et au mur de son qu’y hérisse le guitar-hero Cédric Maes, la référence au MC5 de “Kick Out The Jams” s’y révèle patente. Avec un clavier en bonus, on pourrait même imaginer y ouïr les Lords Of Altamont ou encore Jim Jones Revue, mais “My Love Is Gone”, “I See, I See” et “Not My Love” renvoient plus loin encore: jusqu’aux “Nuggets” et autres “Pebbles” dont scintillaient les anthologies sixties garage-punk que Lenny Kaye concocta en son temps. Une sauvagerie comme en assénaient jadis des icônes tels que les Sonics ou le 13th Floor Elevator, voire plus tard des revivalistes comme les Chesterfield Kings, les Fleshtones et les Crawdaddys. Ainsi que son titre l’indique, “O Oblivian” est un hommage à ce groupe mythique de Memphis, et avec leurs riffs en cascades, des cavalcades comme “Soft Kill”, “Birds” et la bien nommée “Ride” ne répugnent pas à empiéter sur les platebandes des Amboy Dukes circa “Baby Please Don’t Go” (les soli d’harmo et de guitare s’y prenant réciproquement à la gorge). D’une frénésie jamais démentie, la section rythmique pilonne chaque plage de coups de boutoirs sans appel (“End Of The Line”, au hasard), et même si une ballade envapée et une surf-psycho-country tune (c’est nouveau, ça vient de sortir) proposent bien une pause furtive, chers amateurs voraces de vintage punk attitude, de bibine pas chère et de cambouis qui tache, à table! Servi brûlant, et à consommer sans modération…
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, January 21st 2025
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