Sexties – Les Filles Du Terrain Vague

Auteur: BENOIT BONTE // Editions Mémoire Vive / PLG
Livre
Sexties - Les Filles Du Terrain Vague

Éric Losfeld… À la fois flambeur et agent provocateur, cet électron libre de l’édition française initia, du milieu des années 60 jusqu’au début des seventies, l’une des révolutions majeures du neuvième art. Vilipendé en son temps, puis relégué dans les oubliettes de l’Histoire, ce renégat n’en fut pourtant pas moins l’un des artisans européens cruciaux pour l’émancipation de la bande dessinée des carcans qui l’enserraient jusqu’alors. Peu conforme à la définition du philantrope, cet esthète autodidacte n’en mena pas moins une politique éditoriale propre à susciter l’émergence d’une nouvelle génération d’auteurs, au rang desquels des pionniers tels que Jean-Claude Forest (Barbarella), Guy Peellaert (Jodelle), Philippe Druillet (Elric Le Nécromancien), Nicolas Devil (Saga de Xam), Guido Crepax (Valentina), Paul Cuvelier (Epoxy), Robert Gigi (Scarlett Dream), Philippe Caza (Kris Kool) et Georges Pichard (Lolly Strip). Sous la plume aussi pertinente que sourcée de Benoît Bonte (lui même auteur de BD), la saga des Éditions Le Terrain Vague se dévore comme un roman picaresque. D’intuitions visionnaires en coups de poker (aussi audacieux que parfois hasardeux), Éric Losfeld mena sa barque en défiant la censure (qui ne lui fit guère de cadeau), défrichant au passage un champ nouveau pour des Petits Mickeys jusqu’alors cantonnés aux illustrés pour la jeunesse (au confluent de la science-fiction, de la contre-culture, et d’un érotisme pouvant désormais paraître quelque peu désuet). Dépeignant les portraits sensibles de la plupart des protagonistes de ce récit, Benoît Bonte décrit avec talent et acuité l’accès aux phylactères d’un nouveau lectorat, plus mature et cultivé, ainsi que l’émergence concomitante d’une critique dédiée à cette discipline (jusqu’alors considérée aussi mineure que le rock, la chanson et le polar). Bref, si Gotlib, Mandryka et Bretécher accouchèrent ensuite de l’Écho des Savanes, et si Druillet, Mézières, Moebius et Bilal accompagnèrent l’accession de la BD à sa majorité légale (sous l’égide d’un Goscinny pourtant rétif à la gauloiserie dans l’exercice de son art), ils le durent pour bonne part à un natif de la frontière franco-belge, dont le rôle en la matière s’avéra aussi décisif qu’encore trop méconnu. Grâce soit donc rendue à cet ouvrage de lui rendre justice, au fil de ses 282 pages richement documentées.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 20th 2021

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