SEAN MASON – A Breath Of Fresh Air

Taylor Christian Records
Jazz
SEAN MASON - A Breath Of Fresh Air

Si le titre de cet album évoque une bouffée d’air frais, il n’en exhalera pas moins aux oreilles des plus radicaux un remugle de naphtaline et d’autres effluves pour le moins datées. Et pour cause: à l’encontre des ultimes développements contemporains du jazz moderne, il renvoie implicitement à une période où celui-ci ne se concevait qu’en tant que communion instantanée, selon un temps et des lieux quasiment impossibles à transposer hors de leur contexte (ce bon vieil adage du strabiste Jean-Sol Partre, selon lequel, “le jazz, c’est comme les bananes, ça se consomme sur place“)… Car en effet, depuis son premier album, “The Southern Suite”, le jeune pianiste Sean Mason n’en finit pas d’exalter et de raviver cette époque où de jeunes Turcs tels que Miles Davis, Cannonball Adderley, Art Blakey, Oscar Peterson et Dexter Gordon (qu’évoquent ici “Secrets”, “Boneback”, “Unfinished Business” et “Capital J”) pavaient certes la voie pour les Cecil Taylor, Ornette Coleman, John Coltrane, Modern Jazz Quartet et Art Ensemble Of Chicago à venir, mais sans cesser pour autant de payer leurs dettes (et leur loyer) en ajustant leurs sets les plus groovy au cœur battant des soirées de la Grosse Pomme. Autant férus eux-mêmes de tradition que de transmission, les frères Marsalis ne s’y sont pas trompés, qui prirent respectivement le jeune impétrant sous leur aile. C’est avec le même line-up que nous revient Sean (soit Tony Glausi à la trompette, Chris Lewis au sax ténor, Felix Moseholm à la basse et Domo Branch aux fûts), pour un bop de facture désormais classique, mâtiné çà et là de figures latines (“Rediscovery”, “Duende”). Qu’il aborde le blues lascif de la Crescent City (“Open Your Heart”), ou encore le lounge du “Kiss Me” conclusif, Sean Mason ne craint même pas de se voir apposer l’étiquette cool. Captées live en studio, ces huit plages originales abolissent le temps, en recréant l’essence et le climat d’une ère musicale que l’on eut sans doute le tort de remiser trop vite.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, November 7th 2025

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