Pop

Fondé en 2007, Sea Wolf est avant tout le véhicule californien de son leader et compositeur exclusif, Alex Brown Church (ex-membre d’Irving). Voici déjà son cinquième album, et ce qu’il nous inspire s’apparente principalement à de la perplexité. Passé l’intro instrumentale, “Blood Pact” inquiète d’emblée: on dirait le projet solo d’un de ces bouffis emphatiques de Tears For Fears! Impression nauséeuse qu’accentue hélas “Break It Down”, avec son côté Echo & the Bunnymen du pauvre. Tandis que “Moving Colors” pourrait presque passer pour une chute des premiers Prefab Sprout, “Forever Nevermore” et “Frank O’Hara” renvoient à Turin Brakes, tandis que “Back To The Wind” évoque The Verve, et que “Fear Of Failure”, “I Went Up, I Went Down”, “Under The Spell Again” et “Two Of Us” pastichent Coldplay – ce qui en constitue définitivement le péché originel. À quoi rime-t-il en effet de se revendiquer de l’indie-folk (quoi que cela puisse signifier à Los Angeles de nos jours), si c’est pour se borner à singer le back catalogue post-britpop le plus éculé? Un disque qui séduira peut-être une génération sans repères excessifs, et en proie à un spleen noughties quelque peu autocomplaisant. Pour les autres, circulez, il n’y a pas grand chose à voir dans ce palais des miroirs.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 11th 2020