SASS JORDAN – Bitches Blues

Stony Plain
Blues-Rock
SASS JORDAN

Née en 62 à Birmingham (England) d’une mère ballerine et d’un père Français (et prof de littérature), Sarah “Sass” Jordan emménagea toute jeune avec ses parents à Montréal (où son paternel s’était vu attribuer un poste au sein de la prestigieuse Université Concordia). Tandis que ses géniteurs écoutaient surtout de la musique classique, Sarah connut son épiphanie quand “The Night They Drove Old Dixie Down” du Band traversa ses jeunes tympans. Ayant débuté une carrière de chanteuse-interprète professionnelle dès 1988, elle accéda quatre ans plus tard à la renommée internationale en duettisant avec le regretté Joe Cocker sur la B.O, du blockbuster “The Bodyguard” (qui s’écoula à 45 millions d’exemplaires de par le monde). Mariée à Derek Sharp (actuel lead singer de la célèbre institution rock canadienne The Guess Who), elle aligne une petite dizaine d’albums à ce jour, mais affirme ne plus se reconnaître parmi le music business qui assit pourtant sa fortune et sa réputation, citant plutôt pour modèles Paul Rodgers, Rod Stewart ou Robin Zander (de Cheap Trick), aux côtés de Bonnie Raitt et de l’évidente Janis Joplin. Après avoir revisité voici cinq ans déjà son propre album “Racine” (paru en 92), elle revient, rayonnante et prête à en découdre, pour ce “Bitches Blues” (jeu de mots laid) dédié à ses propres héros de prédilection. Ouvrant les festivités sur une tonitruante reprise du “Still Alive And Well” de Rick Derringer (dont le regretté Johnny Winter fit en son temps l’hymne que l’on sait), elle s’est entourée de fines lames: outre les guitaristes Chris Caddell et Jimmy Reid, elle s’y assure en effet les services du grand Steve Marriner à la basse et à l’harmonica, ainsi que des claviers de Jesse O’Brien et des drum-sticks de Cassius Pereira. Ce beau monde s’ébroue comme on savait le faire au mitan des seventies, et défouraille au fil de standards aussi millésimés que le “Sailin’ Shoes” de Little Feat, “You Gotta Move” de Mississippi Fred McDowell (cf. “Sticky Fingers”), ou ce “Chevrolet” de Memphis Minnie, dont Donovan sut en son temps faire ses choux gras. Quand elle aborde le barrelhouse blues (comme sur “Even”, avec le seul soutien d’un piano que l’on croirait actionné par Roosevelt Sykes en personne), ou encore les gospels enfiévrés “Still The World Goes Round” et “Change Is Coming” (voire le funky blues façon Freddie King période Shelter, avec “Ain’t No Big Deal On You”), on mesure ce qui distingue une authentique blues-woman de maintes braillardes au petit pied. Loin de toute considération mercantile (dont elle se trouve préservée de longue date), Sass Jordan délivre donc un rockin’ blues record à l’ancienne, just for the sake of it. Ça s’entend, et Bon Dieu, ce que ça fait du bien!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 14th 2022

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