Sari Schorr & The Engine Room – A Force Of Nature

Manathon Records
Blues

C’est un débat vieux comme le blues: tandis que ses maîtres initiatiques vous instillaient leur venin en loucedé, leurs héritiers putatifs blancs forcent souvent le trait jusqu’à la caricature. Et là où les sorciers du Delta, de Memphis ou de Chicago SUGGÉRAIENT – certes parfois avec surin à l’appui (Elmore James, Little Walter), voire poing américain (Howlin’ Wolf) – nombre de visages pâles se sentent encore obligés d’y aller à la canonnière. Ainsi, on a beau avoir ressorti pour l’occasion ce brave Mike Vernon de la naphtaline, le premier essai de l’Américaine Sari Schorr s’apparente davantage au son du New-York City blues actuel qu’à celui de l’âge d’or de Blue Horizon. Et pour cause: Miss Schorr EST New-Yorkaise, d’où elle a de surcroît fréquemment tourné avec Popa Chubby… Pas de quoi raviver la querelle entre anciens et modernes pour autant, les faits, et rien que les faits. Primo, la simple lecture des guests renseigne sur le produit: ni Walter Trout, ni Oli Brown, ni Innes Sibun ne sont réputés pour leur pratique d’un folk-blues tout empreint de retenue et de subtilité. Ces derniers rivalisent donc ici de plans héroïques, et défouraillent comme à la parade. À l’arrivée, un disque s’inscrivant davantage dans le sillage de Lynyrd Skynyrd que dans celui d’Albert King, avec une chanteuse à l’organe surpuissant, rappelant à l’occasion celui de la grande Maggie Bell au temps de Stone The Crows. Sur scène, cela doit emporter toute résistance, d’autant que le physique de la dame semble avantageux. Dossier suivant, je vous prie.

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder

 

La Miss a des relations, cela se voit, car ce n’est rien de moins que le fameux Mike Vernon qui produit l’opus. Anglaise bien que vivant aux US, elle s’en est allée en Espagne graver le sillon. Mike Vernon nous relate d’ailleurs en quelques mots sa rencontre avec la jeune femme lors des Keeping Blues Awards à Memphis, Tennessee, en janvier 2015, et comment il a rapidement compris qu’il y avait quelque chose à faire avec cette jeune personne. Il faut vous dire qu’elle a longtemps chanté avec Joe Louis Walker et Poppa Chubby, et qu’elle a récemment été induite au New York Hall Of Fame. Relation de cause à effet ou pas, qui sait, en tout cas quelques invités de marque l’ont rejointe dans les studios de Séville, comme Oli Brown et Walter Trout, ce dernier interprétant un incandescent ‘Work No More’ en sa compagnie.

En tout, 12 titres bien façonnés, dont une formidable reprise du ‘Black Betty’ de Lead Belly qu’elle a revisité à sa sauce en compagnie de Innès Sibun, guitariste de Robert Plant. Ce n’est pas la première fois qu’on peut associer le jeune Sari à cette icône du Blues puisqu’elle a participé au Festival Lead Belly, au Carnegie Hall en février 2016, en compagnie de Van Morrison, Eric Burdon, Buddy Guy, Walter Trout, Laurence Jones et j’en passe. Une manifestation caritative qui a lieu chaque année depuis 2015, en cet endroit légendaire.

La belle Sari Schorr se prépare à défendre son album dans une série de 37 dates pendant lesquelles elle va sillonner le monde (Etats Unis, Royaume Uni, et même la France – 3 dates sont annoncées) avec non pas les musiciens de studio mais une formation menée par Innès Sibun accompagné de Kevin Jefferies à la basse, Anders Olinder aux claviers et Kevin O’Rourke à la batterie. C’est donc un devoir que de se rendre à l’un des trois concerts français.

Sari Schorr & The Engine Room