SARAH LENKA – Women’s Legacy

Musique Sauvage
Blues

Somptueux ! Tel est le qualificatif que j’emploie pour qualifier cet album. Le quatrième de Sarah Lenka, après “Am I Blue”, sorti en 2008, “Hush” en 2012 et “I Don’t Dress Fine” en 2016. Pour ce nouvel opus qui touche à l’excellence, “Women’s Legacy”, comme pour les autres, c’est la Femme qui a toujours été le fil conducteur du projet musical de Sarah Lenka. Elle a commencé par évoquer Billie Holliday, 1915-59, puis a continué en célébrant Bessie Smith, 1894-1937, dans ses albums précédents. Pour sa dernière création, Sarah Lenka a choisi d’aborder un destin plus collectif, au nom de toutes les femmes et de leurs histoires individuelles et collectives. C’est ainsi qu’elle a décidé de reprendre les chants des femmes esclaves afro-américaines parce que, comme elle le dit elle-même, “Souvent lorsqu’on évoque la résistance des esclaves, même quand on pense aux chants d’esclaves, on fait allusion, en général, aux hommes uniquement (work song). Mais qu’en est-il de la résistance des femmes esclaves et de leur voix? C’est aussi pour cela que je parle d’héritage féminin et que je veux les chanter ces chants!”
Tout est dit, et l’on s’en voudrait presque de ne pas y avoir pensé nous-mêmes, tellement ce qu’elle dit est évident. Cela coule de source. Pour réaliser ce superbe hommage musical, elle s’est entourée de 6 musiciens: Fabien Mornet à la guitare électrique et aux percussions, Taofik Farah à la guitare (cordes en nylon), Manuel Marchès à la contrebasse, Cong Minh Pham aux claviers, Raphaël Chassin à la batterie et Miquéu Montanaro aux percussions & gambarde. Le timbre éraillé de sa voix ainsi que son grain particulièrement troublant participent aux émotions ressenties à l’écoute de cet opus qui sonne absolument juste. Artiste accomplie et dont le talent va éclabousser tout ce début d’année, Sarah Lenka a composé 4 titres et s’en est allée puiser dans le répertoire des enregistrements effectués par Alan Lomax (7) ou dans des Prison Songs ou Civil Rights Songs, et j’en oublie sans doute quelques autres… Un témoignage musical bouleversant et magistral.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)