Santana IV – Live At The House Of Blues Las Vegas

Eagle
Rock

 

Le temps est sans pitié, dit-on. Plus de quarante ans se sont écoulés depuis que les routes de ces cinq-là se sont séparées. Michael Shrieve s’est entretemps empâté et déplumé, Neal Schon ressemble désormais au troisième des Bogdanoff et avec ses bésicles, Michael Carabello passerait inaperçu dans n’importe quel bureau de poste. En comparaison, le sensuel organiste Gregg Rolie paraît le mieux préservé. Quant à leur lider maximo, il s’est repu à tant de râteliers (depuis que le succès commercial prime chez lui sur l’intégrité) qu’il serait presque légitime de se demander si dans son état civil, ce n’était pas son prénom qui primait (“qu’est-ce tu bois, Doudou, dis-donc?”). Car, comme pour la reformation des Stooges (voici dix ans déjà), c’est bien de la base que vint l’initiative. Entendez que ce sont bien les quatre premiers pré-cités qui rendirent leur ex-patron vert de jalousie, en se reformant sans lui pour un album unanimement célébré par les fans (“Abraxas Pool”, en 1997). “Sans moi, ce n’est qu’un tribute band”, déclara-t-il alors. “Avec moi, c’est Santana” persifle-t-il à présent… Comme le démontre à l’envi ce concert, s’il ne fut parfois sans eux qu’un sombre pitre grimaçant, il semble retrouver à leur contact un peu de l’étincelle magique de leurs débuts collectifs. Certes, on se trouve à Las Vegas et plus à Woodstock, et si un illuminé en descente de LSD débarquait à moitié nu et couvert de boue pour beugler “no rain”, nul doute que les vigiles sauraient qu’en faire. Concernant Carlos, il y a certes belle lurette que “peace & love” se décline chez lui en “pesos & dollars”, mais la simple énumération de classiques tels que “Soul Sacrifice” (d’emblée, en carte de visite), “Jingo”, “Evil Ways”, “Samba Pa Ti” ou “Oye Como Va” fera saliver à juste titre nos glandes nostalgiques. Et le final grandiose sur “Toussaint l’Ouverture” achève de racheter l’ineptie de certaines nouvelles compos (“Come As You Are”).

 

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder

 

Santana IV