SANSEVERINO – Montreuil / Memphis

SANSEVERINO
Blues

Sacrés foutus envois de presse… Ah, certes, c’est watermarked, comme l’énonce la notice de sécurité. Si t’as le malheur d’essayer de dupliquer le machin, de le mettre en écoute gratos sur la toile ou pire encore, de le revendre, c’est sûr, avant peu, les Men in Black débouleront sur ton paillasson pour te faire rendre gorge comme un vulgaire Big Lebowski. Mais question notes de production, line-up et autres détails, nibe, nada, que dalle peau de balle! Alors que ce nouveau SANSEVERINO opère au bas mot plusieurs révolutions par minutes, rien ne permet ainsi au besogneux chroniqueur de vous narrer par le menu comment pareil stratagème a bien pu s’avérer possible. C’est donc à l’aveuglette que je vous énumère les faits subséquents. Comme son titre l’indique, ce disque est une sorte d’hybridation entre la fantaisie langagière coutumière de Stéphane SANSEVERINO et l’une de ses musiques de prédilection: le blouze. Ou plutôt les blouzes, puisqu’il s’adonne ici à une palanquée de styles aussi divers que d’été. À commencer par la plage éponyme, dans la veine du grand Louis Jordan, ou des bien intitulés “À Mon Enterrement” et “Pas à Lafayette”, sur un second line beat cuivré façon New-Orleans. Il y a aussi le boogie “Astronaute” à la John Lee Hooker, le “Grizzly”, shuffle aux lyrics dignes de Jacques Lanzmann, lardé d’harmo genre Rice Miller, de jeux de mots laids et de licks de gratte vicieux, ainsi que le funèbre “Elegant Man” façon Johnny Otis. “Je Ne Pense Qu’À Tes Fesses” reprend la ligne bluegrass de son précédent effort, tandis qu'”André” déboule en boogie électrique, mode ZZ Top meets Les Rita Mitsouko. Bon Dieu, mais c’est qui est ce fort à l’harmo qui sonne la charge?
Comme son titre l’indique, “Le Mitard” persiste dans cette veine sudiste, comme si Jacques Mesrine trouvait furtivement asile chez Lynyrd Skynyrd: une slide fumasse y côtoie un zydeco fiddle électrifié. Tant qu’à rester cajun, “I’m Alone And Blue” conserve le même violon pour accompagner les considérations linguistiques et comparatives de Stéphane. Ce chouette album se referme sur un bref “Chérie Bibi” digne des musiques de Chaplin: SANSEVERINO, clown réaliste? Y’avait pas un blouze dans le temps, qui disait “j’essaie de rire pour ne pas pleurer”?
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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