Sandy CARROLL – Blues & Angels

Catfood Records
Blues

Etre l’épouse d’un producteur en vue (Jim Gaines, qui présida notamment à des enregistrements marquants de Stevie Ray Vaughan, Robert Cray, Santana et Luther Allison) ne doit certes pas présenter un handicap majeur. Il n’empêche: contrairement à certains postes dans l’administration, en matière artistique, le piston ne fait pas tout. Bien qu’elle ne le paraisse absolument pas, Sandy CARROLL peut déjà s’enorgueillir d’une carrière d’un demi-siècle, émaillée d’une bonne dizaine d’albums. Bien que rangée depuis belle lurette dans la catégorie country moderne, cette résidente de Memphis n’a de cesse de naviguer entre la musique redneck et le blues. Le regretté Luther Allison enregistra ainsi deux de ses compositions sur son ultime album, et elle a pour sa part collaboré avec Preston Shannon, James Armstrong, Johnny Rawls et Carla Thomas. Après ses trois derniers albums chez Catfood Records (dont le dernier, “Last Southern Belle”, lui valut les honneurs des country charts nationaux), Sandy CARROLL annonce avec celui-ci un retour au blues. De fait, elle n’effectue pas un choix si tranché entre ces genres, puisque des ballades telles que “Wrapped In An Angel”, “Mississippi Me” et “Blues All For Myself” ne dépareraient pas le registre cotonneux de la grande Lucinda Williams. Il faut toutefois admettre que les funky “Soak Me In The Spirit”, “Somebody Gotta Dance”, “Road Angels” et “Headin’ Home” (avec la wah-wah caquetante de Bernard Allison), ainsi que des guests aussi significatifs que Rocky Athas (ayant récemment servi auprès de John Mayall), Johnny Rawls, ou encore le Muscle Shoals bass-master David Hood, ancrent davantage cette nouvelle livraison du côté bluesy de la force. Ce que confirme le ragtime “Movin’ On” (drivé par le piano de Rick Steff): entre blues et country, les frontières s’effacent quand des artistes aussi ouverts et talentueux que Ray Charles ou Tina Turner s’y emploient. Sandy CARROLL est assurément de cette trempe.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder