SAN CISCO – Between You And Me

Nettwerk Music Group
Pop
SAN CISCO - Between You And Me

Formé voici une dizaine d’années à Fremantle (pas la compagnie responsable de navets télévisuels tels que “La Nouvelle Star” ou “L’Amour Est dans Le Pré”, mais plutôt le port industriel situé à vingt bornes de Perth, au sud-ouest de l’Australie), San Cisco est un trio indie-pop (dès que quelqu’un aura daigné m’indiquer de quoi il retourne, je promets de vous l’expliquer) qui en est déjà à son quatrième album. Alors, la pop, certes, on situe: c’est l’été, et pendant la pause entre deux vagues pandémiques, personne n’a le cœur à se mortifier en se frappant la poitrine, ni à se prendre la tête avec des concepts trop sophistiqués. C’est l’amour à la plage, comme le chantaient Niagara et Brigitte Bardot au temps de sa Madrague, et pourquoi diable ferait-on la fine bouche? Les deux gars et la fille qui composent à la fois la formation et son répertoire remplissent d’ailleurs ce contrat avec conscience et savoir-faire. Le “Skin” d’ouverture charrie ainsi son lot de références yacht-rock, entre Hall & Oates et les Rembrandts (qui s’en souvient, de ceux-là?), et l’on peut se resservir un Daïkiri peinard sans risquer de tâcher la nappe, jusqu’au bref chorus de guitare évoquant le Peter Frampton putassier de 1976. Le reste est à l’avenant: avec leur beat mécanique et leurs mélodies entêtantes, “On The Line”, “Reasons”, “Messages” et “Shine” feraient passer les Cars et les Motels des eighties pour de dangereux révisionnistes. De la dance music aseptisée pour pom-pom girls et cocktail boys en goguette, et les textes sont du même tonneau: “tu es le pire meilleur ami que j’aie jamais eu, tu ne réponds jamais à mes messages, et tu ne m’appelles que pour des sujets superficiels” (yawn). Les ballades “Alone”, “Flaws” et “Tell Me When You Leave Tonight” (qui use encore du terme slow, désormais ringardisé au rang de B.O. de “La Boum”?) et l’enjoué jingle-jangle de “When I Dream” évoquent ainsi des outtakes d’ELO qui auraient été recalés du générique de “Friends”, entre les Monkees et les Archies… Et puis soudain, sans préavis, déboule ce truc improbable, “Gone”. La quintessence du Brill Building, un distillat de Spector et du couple Ellie Greenwich et Jeff Barry: le genre de pocket urban symphony avec castagnettes synthétiques, chœurs célestes et beat italo-amerloque fatals, entre “Don’t Worry Baby” et le “Be My Baby” des Ronettes. Et l’on se prend alors à suspecter que sous ses atours électro-pop radio-friendly, ce trio d’apparence inoffensive pourrait dissimuler les plus pointus esthètes pop depuis Alex Chilton et les Go-Betweens. Décidément, l’Australie n’a pas fini de nous étonner.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 5th 2020

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