Blues

On avait découvert, ébahis, cette formation parisienne quand elle avait fait irruption en 2018 avec “Our King Freddie”, remarquable hommage au regretté Texas Cannonball qui mit la critique unanime sur le flanc. Formé à l’origine par le guitariste Romain Roussouliere et le bassiste Max Darmon, le groupe comprend également l’excellent claviériste Florian Robin, le batteur Steve Belonte et les cuivres Jérome Cornelis et Loïc Gayot, sans oublier le persuasif chanteur Vincent Vella. Comme son nom l’indique, on prend le même gang de tueurs et on recommence, mais en changeant cette fois de monarque… Principale influence revendiquée du regretté Stevie Ray Vaughan (ils enregistrèrent même ensemble l’impromptu “In Session” le 6 décembre 1983), Albert le gaucher était l’aîné des trois King du blues moderne (devançant par la naissance B.B. d’un an). Ayant commencé par piloter des tracteurs dans son Mississippi natal, il débuta en tant que batteur occasionnel dans les clubs de Gary, Indiana, derrière Eddie Taylor et Jimmy Reed. La route fut longue pour Albert Nelson (sa véritable identité), avant qu’il ne parvienne à s’imposer en tant qu’artiste majeur à la seconde moitié des sixties. Il faut souligner que son jeu constitue quasiment un style en soi: planant longtemps comme une menace, la note qu’il extirpe de sa Gibson Flying V s’étire longuement avant de fondre en bouillonnant sur l’auditeur médusé, et Romain Roussoulière en reproduit ici avec déférence le moindre des maniérismes. De sa période Stax (“Crosscut Saw”, “Oh Pretty Woman”, “Born Under A Bad Sign”, “Playin’ On Me”  “I Wanna Get Funky”, “Angel Of Mercy”, ou les terrassants “As The Years Go Passing By” et “I’ll Play The Blues For You”) à celle qu’il traversa chez Tomato (le “Get Out Of My Life, Woman” d’Allen Toussaint, démontrant ici toute la subtile et groovante palette des musiciens, “We All Wanna Boogie” ou encore l’adaptation funky de “Honky Tonk Woman”, malicieusement créditée ici à Michael Jagger et Cliff Richards!), notre septette réussit un impeccable sans faute. Sans singer à outrance les originaux, il parvient à en adapter les arrangements sans jamais en altérer la saveur ni le feeling originels. Instigateur (avec Freddie King, comme par hasard) d’un créneau à la jonction du blues et de ce qu’on allait ensuite dénommer le funk, Albert King a depuis fait école, et l’on reconnaît de nos jours encore sa trace chez maints bluesmen actuels, pour qui cette innovation est devenue en quelque sorte la norme. C’est indéniablement la marque des maîtres et des précurseurs: une fois encore, chapeau bas, Messieurs!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 14th 2021

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Ils se sont fait connaître en 2018, en enregistrant un Our King Freddie, hommage à Freddie King. Ils réitèrent en rendant, cette fois-ci, hommage à Albert King. De là, à penser qu’il y aura, peut-être, ensuite un hommage à B.B. King, il n’y a qu’un pas… Mais nous n’en sommes pas là. Attendons… Savourons donc, pour le moment, cette magnifique nouvelle célébration d’un grand nom du Blues! Romain Roussouliere est à la guitare, Max Darmon à la basse, Vincent Vella au chant, Florian Robin aux claviers, Steve Belmonte à la batterie, Jérôme Cornelis au sax alto et Loïc Gayot au sax ténor. “Le choix de l’artiste à célébrer est naturel, la sélection des titres est collégiale” reconnaissent-ils, et cela facilite la mise en lumière de titres rares et méconnus. Et voilà donc sur ce magnifique opus 14 titres à écouter avec grand plaisir. Tous les titres ne sont pas signés Albert King puisque Willie Dixon ou Allen Toussaint, entre autre, figurent parmi les auteurs de morceaux interprétés mais qu’importe, suis-je tenté d’écrire, puisque ce groupe interprète fabuleusement bien tous les titres joués. On espère d’ailleurs qu’ils proposeront un disque de leurs propres compositions prochainement, tant nous avons besoin d’un vrai super groupe de Blues dans l’hexagone! Vincent Vella, le chanteur, est convaincant dans toutes les tessitures et même quelqu’un de sourd comme un pot pourra se rendre compte qu’il a ici, dde super pointure! Un album à écouter à tous moments du jour et de la nuit. S’il y avait demain une vingt cinquième heure dans la journée, il faudrait encore en profiter pour écouter cette musique aux vertus thérapeutiques indéniables! Surtout en cette période tristounette.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, April 15th 2021

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Aux novices qui désireraient savoir de quoi il retourne, nous conseillons la version de “I’ll Play The Blues For You” que foudroya Albert King lors du festival Wattstax en 1972. Prévoir l’armoire à pharmacie…

Et avec SRV :

EPK – Same Player Shoot Again: