Blues |
A l’instar des bluesmen noirs du Delta qui chantaient les peines et les espoirs de tout un peuple après de dures et longues journées de travail dans les champs de coton, Sam Baker chante les peines et les espoirs des hommes du XXIème siècle avec la même intensité et le même cœur. Le titre de l’album est d’ailleurs à lui seul un symbole: ‘Cotton’. Un symbole qui croise d’autres plaintes, d’autres cris du cœur, d’autres réalités, comme celle de cet émigré mexicain, dans ‘Mennonite’, qui va préférer l’amour d’une fille ordinaire en mini-jupe plutôt que d’aller explorer le monde, celle de tous ces êtres qui revendiquent, mais qui regrettent aussi, dans ‘Signs’, et qui rêvent d’une vie plus facile. Une vie sur laquelle s’interroge un père qui s’inquiète de savoir quel homme épousera sa fille, et auquel la fille répond qu’elle n’a pas besoin d’homme, dans ‘Who’s Gonna Be Your Man’. Une vie à laquelle Steve Conn et son piano donnent une intense luminosité sur ‘Say The Right Words’ avant que Sam ne chante la douleur de ne pas savoir ce qu’est devenue la personne disparue, un soir de Noël. Une douleur d’autant plus forte que la personne n’est jamais revenue et que la vie, elle, a continué son cours. La voix brisée par le chagrin, Sam vous emporte dans ce questionnement intérieur, sans trouver la réponse à cette éternelle question, pourquoi. Un pourquoi qui hante Sam Baker depuis des années et auquel il tente, au travers de chacun de ses albums de chanter des bribes de réponses, comme ces vieux bluesmen noirs qui chantaient en cherchant à savoir pourquoi ils n’avaient pas la même vie que les blancs.
Frankie Bluesy Pfeiffer
Sam Baker