RYAN BINGHAM – American Love Song

Axster Bingham Records / Thirty Tigers / Modulor
Americana

Né au Nouveau-Mexique voici bientôt 38 ans, Ryan Bingham n’est pas précisément un inconnu en son Texas d’adoption. Ayant débuté en tant que cavalier de rodéo dans le Wild West Show de notre bon vieil Eurodisney (!), il eut ensuite le bonheur d’être découvert par rien moins que Marc Ford (alors guitar slinger au sein des Black Crowes), tandis qu’il se produisait avec son groupe Dead Horses dans un rade obscur de Fort Worth. Son étoile se mit à scintiller au firmament il y a dix ans, quand il co-signa avec T-Bone Burnett la chanson générique du blockbuster “Crazy Heart”. Régulièrement sollicité depuis pour des soundtracks similaires, il inclut encore dans ce sixième album un extrait de la B.O. de la série Yellowstone, à laquelle il a contribué (“Wolves”). L’inspiration traversant aisément l’Atlantique dans les deux sens depuis plus d’un demi-siècle, il n’est guère étonnant de trouver des similitudes entre “Jingle And Go” et “Blues Lady” (qui ouvrent et ferment respectivement les hostilités) et les Stones de “Sticky Fingers” (eux mêmes alors sous haute influence Little Feat, Gram Parsons et Ry Cooder), avec ces chœurs féminins façon Clydie King et Claudia Lennear et cette slide fumante. Couleur qui se confirme sur “Got Damn Blues” et “Hot House” (aux saveurs proches de la version jaggerichardsienne du classique “You Got To Move”). Quant à “Nothing Holds Me Down”, c’est sans doute l’une des meilleures relectures du “Maggie’s Farm” de Robert Zimmerman qu’il nous ait été donné de constater. Rien d’étonnant, si l’on précise que cet album fut produit par Charlie Sexton en personne! Il faut attendre “Beautiful And Kind” et “America” pour voir Ryan Bingham s’élever au niveau de ses modèles. Sur ces folk blues acoustiques, seulement accompagné de sa guitare, il approche en effet la veine des jeunes Dylan et Van Ronk, avec un picking inspiré de Mississippi John Hurt. “What Would I Become” évoque pour sa part le country-rock de Neil Young circa ‘”Everybody Knows This Is Nowhere”, et “Lover Girl”, “Situation Station” et “Blue” lorgnent sans complexe vers la couronne déchue de feu Tom Petty. Il ne faudrait pas s’étonner si ce garçon s’octroyait prochainement dans son pays la stature d’un John Mellencamp, que son registre évoque à l’évidence (le terrassant “Stones”). Ne nous y trompons pas, entre rock, blues et country, ce nouveau prétendant ne tardera sans doute pas à revendiquer bientôt son titre.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

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RYAN BINGHAM – “American Love Song”: un album disponible (et à commander) sur le on line Shop du site de RYAN BINGHAM, ICI