RY CAVANAUGH – Time For This

Cav Productions
Americana
RY CAVANAUGH - Time For This

Avant tout, levons une ambiguïté: en dépit de leur proximité patronymique et de leur contemporanité, Ry Cavanaugh et le banjoïste étiqueté progressive-bluegrass Ryan Cavanaugh sont deux artistes différents (bien qu’exerçant dans des registres vaguement analogues). Prénommé par ses parents en référence au grand Ry Cooder, le Cavanaugh dont il est ici question est le fils de George, un honky-tonk performer qui œuvra en Nouvelle-Angleterre vers la fin des seventies, pour y décéder prématurément sans avoir franchement dépassé la quarantaine, non plus qu’une renommée locale. Élevé dans un milieu où la musique et les musiciens étaient omniprésents, Ry se souvient d’une enfance où les jams acoustiques rythmaient les soirées au bord de l’âtre, quand son paternel n’était pas en train de se produire (seul ou en groupe) aux quatre coins de la région. À ce stade, on ne peut s’empêcher d’évoquer le film “Honky-Tonk Man” de Clint Eastwood (où ce dernier donnait la réplique à son propre rejeton, devenu depuis le contrebassiste jazz de renom que l’on sait), et il n’est guère surprenant que Ry Cavanaugh ait emprunté à son tour la voie que son père avait tracée. À la tête du sextette Session Americana depuis 17 ans (douze albums, dont deux live), Ry a également enregistré en 2003 un album en duo avec son épouse, la chanteuse Jennifer Kimball (sous le moniker de “Maybe Baby”). Après avoir vécu un an en famille dans le comté irlandais de Donegal, le couple se trouve cette fois en présence du seul guitariste Duke Levine, pour une collection de neuf titres issus du répertoire du géniteur de Ry. Un projet autant personnel que mémoriel, on s’en doute, mais dont la sincérité palpable transcende la pudeur. Pour tout dire, la puissance émotionnelle de ces compositions est ici décuplée par la qualité de leur interprétation. Au point que l’on ne voit que le Neil Young de “On The Beach” (“Carillon”), le Dylan de “Blood On The Tracks” (“Cold Wind”, “Trinity”) ou les regrettés Townes Van Zandt (“Lost Woman Song”, “Too Tired From Drinking”, “Sink Or Swim”, “Help Me Doctor”, “Gipsy Dad” ainsi que la plage titulaire) et Grant McLennan (des trop méconnus Go-Betweens) à avoir déjà atteint pareil climax d’expressivité, à la fois évidente et universelle. À défaut de pouvoir compter sur la génétique, on peut donc parfois miser sur la généalogie pour rendre justice à quelque génie passé sous les radars. Le genre de disque qui vous hantera pour les lustres qu’il vous reste à vivre. C’est du moins tout le mal que l’on vous souhaite, car c’est réellement à tomber!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 18th 2020

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Ry Cavanaugh en tournée anglaise en avril (avec Jeffrey Foucault):

Mercredi 1er : The Railway Inn, Winchester
Jeudi 2 : The Water Rats, Londres
Vendredi 3 : Gosvoc City Theatre, Newcastle-upon-Tyne
Samedi 4 : Foxlowe Arts Centre, Leek
DImanche 5 : The Greystones, Sheffield
Lundi 6 : Kingsmead House Concert, High Wycombe
Mardi 7 : The Butterfly Collector, Barry (SW)
Mercredi 8 : The Rose & Monkey Hotel, Manchester
Jeudi 9 : Broadcast, Glasgow
Vendredi 10 : Glenbuchat Hall, Strathdon
Samedi 11 : The Blue Lamp, Aberdeen