RUSTIN MAN – Clockdust

Domino
Ambient pop
RUSTIN MAN - Clockdust

S’il ne lui avait pas fallu moins de 17 ans pour donner une suite à son “Out Of Season” de 2002, le dénommé Paul Webb (alias Rustin Man) n’aura pas mis douze mois pour succéder à son “Drift Code”, unanimement célébré l’an dernier. Que les nostalgiques de Talk Talk (dont Paul fut le bassiste éclairé) en soient avertis: la veine mélancolique de ce combo où Webb côtoyait le regretté Mark Hollis se teinte ici des sombres nuances qu’imprimaient jadis Peter Hammill et Robert Wyatt à leurs propres efforts solo. Ainsi de ces “Carousel Days”, “Gold & Tinsel” et “Love Turns Her On”: à la fois sobres et majestueux, les arrangements dont Rustin Man revêt ces mélodies intimistes leur confèrent une patine intemporelle. Ainsi de “Jackie’s Room” (où l’on croirait entendre un jeune Jim Morrison se joindre aux chœurs célestes du Love de “Forever Changes”), ou encore “Old Flamingo” et “Kinky Living” (avec leurs flon-flons sous Lexomil et leur orgue de Barbarie). Tandis que “Night In Evening City” et “Man With A Remedy” évoquent le Bowie de “Space Oddity”, où trouver meilleure correspondance à des thêmes tels que “Rubicon Song”, sinon les “Rock Bottom” et “Ruth Is Stranger Than Richard” de Wyatt? À la fois sombre et introspectif, un disque reflétant avec une confondante acuité les temps incertains et troublés en lesquels il s’inscrit.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 27th 2020