ROSEDALE – Long Way To Go

Dixiefrog
Blues-Rock, Rock

Dans le style binômes explosifs et incontournables il y eut Ike et Tina Turner, ou encore Joe Bonamassa et Beth Hart, puis plus récemment Kenwyn House et Leah Rasmussen (qui formèrent Goldray), mais depuis l’année passée il y a Charlie Fabert et Amandyn Roses, qui eux ont formé Rosedale. A l’instar du duo formé par le génial gratteux Kenwyn House (ex-Reef) et Leah Rasmussen, sorte de fusion entre Led Zep et Kate Bush, nous avons avec Rosedale la fusion entre Led Zep et Beth Hart. Ou tout comme si Joe Bonamassa avait intégré Beth Hart à Black Country Communion. Et comme une réponse fulgurante à l’excellent “Rising” de Goldray, Rosedale vient de nous balancer dans la tronche un “Long Way To Go” de toute beauté. Mais la différence entre ces deux formations, c’est que là où Leah Rasmussen a choisi l’univers psychédélique de Kate Bush, Amandyn Roses a choisi d’offrir à son organe vocal les pulsions et les vibrations de Beth Hart, avec en prime des variations à la Amy Winehouse dans les titres lents. De plus, et c’est à souligner, la Miss chante dans un anglais parfait, avec une articulation qui vous permet de comprendre toutes les paroles des chansons. De quoi rendre jalouses bon nombre de chanteuses françaises, car elles sont rares à maîtriser aussi bien la langue anglaise.
Côté guitare, Charlie n’a rien à envier à Kenwyn, car les deux sont des riffs killers et le lascar peut non seulement remercier son maître, mentor et ami, Fred Chapellier, le meilleur des blues-guitar-heroes français et européens, pour l’avoir traîné avec lui en tournée depuis des années, mais aussi tous ceux qu’il a accompagnés, comme par exemple mon ami le chanteur anglais Paul Cox. Et à ceux qui doutent que Charlie Fabert puisse arriver un jour à la cheville d’un Joe Bonamassa, je leur conseille de réécouter les albums de Black Country Communion, tout comme ceux de Led Zeppelin ou de Cream, car le Charlie est dans les pas de ces monstres que sont Page, Bonamassa et Clapton, et il y restera, jusqu’à les rejoindre un jour, dans quelques années, car ce premier opus de Rosedale annonce de superbes albums à venir. De quoi nous soulager un peu du vide laissé par l’arrêt brutal de Black Country Communion, notamment. D’ailleurs si vous réécoutez Led Zep ou Black Country Communion, vous aurez le même feeling que pour Rosedale, c’est de la zik qui trouve indéniablement toute sa splendeur en Live.
Côté production, même si certains titres ont été enregistrés au feeling, à l’arrache, avec seulement une seule prise, “Long Way To Go” est de la lignée des grosses prods au méga son et au mix énorme signées Kevin Shirley. Pas vraiment étonnant lorsque l’on sait que c’est John Rausch qui est aux manettes, ce producteur de Nashville qui a enregistré Pink et Birdy, entre autres, mais aussi…Beth Hart. Comme quoi, il n’y a pas de hasard !
Du coup, la qualité de son de l’album s’en ressent dès le premier titre : la voix d’Amandyn Roses s’impose et en impose, tandis que Charlie se place en véritable riff killer. Les titres de ce premier album sont tous des compos originales (il faut le souligner) mais ils nous semblent pourtant tous familiers, tant chaque riff de Charlie vous accroche, vous perfore. Faites écouter, comme je l’ai fait, “Man, I Don’t Want You Around”, et demandez ensuite qui a écrit ce titre. Vous serez surpris des réponses, car on vous répondra autant de fois Led Zep que Beth Hart, entre autres. C’est dire la qualité de chacun des titres alignés sur cet album. Sur l’opus on note également la présence de deux special guests, Fred Chapellier à la guitare et Larry L. Telford aux claviers, chacun cosignant un titre de l’album. Un album qui n’a pas été fait sur la retenue et pour lequel Charlie et Amandyn se sont ouverts le cœur pour vous balancer tout ce qu’ils ont comme amour. Et c’est justement cela qui fait la différence entre un bon disque et “Long Way To Go”, un album qui va marquer au fer rouge cette année 2017.
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Frankie Pfeiffer
Rédacteur en Chef
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Je le confesse : le communiqué de presse de Rosedale m’a arraché un discret gloussement. Intituler cet album “Longwy To Go” aurait en effet constitué un jeu de mots savoureux, pour des artistes issus de l’Est de notre hexagone. Il ne s’agit pourtant que d’une faute de frappe en forme de lapsus freudien (comme d’attribuer à ce brave Alan Glen le rôle de guitariste des Yardbirds et de Dr. Feelgood, alors que ce dernier n’y a jamais rien tenu d’autre que l’harmonica). Pour le reste, le dernier des ricaneurs ravalera bien vite sa morgue, puisque ce disque (leur premier long-player après un EP prometteur en octobre 2016) ne force rien d’autre que le respect. À 28 ans à peine, Charlie Fabert affiche en effet un CV des plus impressionnants : ami et partenaire de notre guitar-hero national Fred Chapellier, il s’affranchit à présent de ce parrainage pour former, avec Amandyn Roses, un peu l’équivalent européen du Trucks-Tedeschi Band. Rien moins, puisque si Charlie assure ici la co-signature (et les guitares sidérantes) de l’ensemble des 9 plages proposées, il a trouvé en cette dernière un organe vocal inespéré pour les propulser. Un blues-rock puissant et groovy à souhait (comme sur “Lost Soul, “New Frontier” ou la plage titulaire), tour à tour funky (“Soul Possession”), low-down (“When Evil Sets Its Sight On You”) et nimbé d’un spleen contagieux (“Bad News”, “Before You”).
Un premier album en forme de coup d’éclat, qui laisse présager un avenir des plus prometteurs pour cette paire gagnante, qui nous fera sans doute autant d’usage qu’elle accomplira de chemin.
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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