RORY BLOCK – Ain’t Nobody Worried

Power Women Of The Blues Vol. 3 // Stony Plain
Americana, Blues, Soul
RORY BLOCK - Ain't Nobody Worried

En plus d’un demi-siècle de carrière (et avec 35 albums au compteur), Rory Block (dont l’anniversaire advient dans une semaine) persiste à concilier deux directions qu’elle poursuit de front depuis plus de vingt ans: le féminisme et l’hommage à ses prédécesseur(se)s. Ainsi de “I’m Every Woman” en 2002, “The Lady & Mr Johnson” en 2006, “Blues Walking Like A Man: A Tribute To Son House” en 2008, “Shake ‘Em On Down: A Tribute To Mississippi Fred McDowell” en 2011, “I Belong To The Band: A Tribute To Rev. Gary Davis” en 2012, “Avalon: A Tribute To Mississippi John Hurt” en 2013, “Hard Luck Child: A Tribute To Skip James” en 2014, “Keepin’ Outta Trouble: A Tribute to Bukka White” en 2016 et “A Woman’s Soul: A Tribute To Bessie Smith” en 2018 (qui inaugurait la série “Power Women Of The Blues, dont voici le troisième volet, après “Prove It On Me” en 2020). Pour cette nouvelle livraison, Rory a étendu son répertoire à la culture radiophonique américaine du demi-siècle dernier, quitte à y inclure pour une fois des titres qui s’illustrèrent en leur temps dans les charts pop et soul. L’inspiration lui en vint lors des home sessions hebdomadaires qu’elle délivra sur les réseaux sociaux, pendant les récentes périodes de confinement liées à la pandémie mondiale. À la demande de ses auditeurs, elle y consentit à interpréter certains titres populaires, dont elle nous restitue à présent ses propres favoris en mode unplugged. S’ouvrant sur une magistrale version du “I’ll Take You There” des Staples Singers, cette collection se poursuit en registre gospel soul avec le “Midnight Train To Georgia” de Gladys Knight & The Pips. La réplique que lui donnent les chœurs (que Rory assure elle-même avec un confondant brio, de même que les parties de basse et la subtile programmation rythmique) en accentue l’ampleur, comme sur celles du “I’d Rather Go Blind” d’Etta James, du “My Guy” que Smokey Robinson offrit en son temps à Mary Wells et de l’éperdu “Dancing In The Street” de Martha & The Vandellas. On ne peut que saluer le superbe rendu des guitares (ne serait-ce que la slide acoustique sur le “Fast Car” de Tracy Chapman), mais le blues stricto sensu n’est pas en reste, comme en témoignent les magistrales versions du “Cry Like A Baby” de Koko Taylor et du “Freight Train” d’Elizabeth Cotton (au picking impeccable). L’americana est également réprésentée, via “Love Has No Pride” d’Eric Kaz et Libby Titus (future Mme Donald Fagen, après sa relation éphémère avec Levon Helm), que Bonnie Raitt intégra aussi à son songbook, ainsi que le “You’ve Got A Friend” de Carole King, et une poignante version de son propre “Lovin’ Whiskey” (titre de Miss Block le plus fameux à ce jour). Aussi intimiste et émouvant que les conditions dans lesquelles il fut conçu, voici un album sans doute un peu à part dans sa discographie, mais qui n’en demeure pas moins un tour de force. Qui n’accueillerait pas chaleureusement une Rory Block démultipliée dans son salon?

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 31st 2022

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“Blues Walking Like A Man: A Tribute To Son House” en 2008: