ROOMFUL OF BLUES – Steppin’ Out

Alligator / Socadisc
Rhythm 'n' Blues
ROOMFUL OF BLUES - Steppin' Out

Près de six décennies après sa fondation (et après bientôt quarante ans de production discographique), that little big band from Rhode Island persiste et signe encore, avec cette vingtième parution à son palmarès (sans compter ses albums collaboratifs avec des artistes tels que Eddie Vinson, Big Joe Turner, Earl King, Pat Benatar et Stevie Ray Vaughan). Si leur line-up actuel ne comprend pas moins de huit membres (incorporant, outre les désormais vétérans Chris Vachon et Rich Lataille, une nouvelle recrue en la personne de la vocaliste D.D. Bastos, qui y supplante donc Phil Pemberton), on dénombre une cinquantaine de musiciens à être également passés par leurs rangs (parmi lesquels le fondateur Duke Robillard, son successeur Ronnie Earl, mais aussi Sugar Ray Norcia, Curtis Salgado, Ron Levy, Al Copley, Doug James, Greg Piccolo, Mark Dufresne, Al Basile et la seconde section rythmique des Fabulous Thunderbirds, Preston Hubbard et Fran Christina). Le fond de commerce des Roomful demeure ce bon vieux jump & swing rhythm n’ blues des forties et fifties, au confluent du jazz et du proto-rock n’ roll, dont des figures tutélaires telles que Wynonie Harris, Amos Milburn, Roy Brown et Louis Jordan demeurent les parangons éternels. Pour cette nouvelle fournée, nos amis ad vitam sont allés déterrer une nouvelle quinzaine d’incunables depuis leur time-lapse favori. S’ouvrant sur le jungle-beat effréné “Satisfied” (de Billy ‘The Kid’ Emerson), où les cuivres (arrangés par Lataille) s’époumonent sur un déferlement de tom-toms (et d’où émerge, outre le timbre puissant et racé de Miss Bastos, la guitare cinglante de Vachon), cet opus embraye sur le twist “You Were Wrong” de Z.Z. Hill (également repris jadis par Angela Strehli avec les Vaughan brothers, vidéo visible ICI), où la section de cuivres pétarade comme chez les early JBs. Il n’en faut pas davantage à la D.D en question pour convaincre les aficionados, ni à Vachon pour conforter son statut de band leader avec un nouveau solo fulgurant. Après un furtif détour swamp via “Steppin’ Up In Class” (signé Don Robey et Jimmy McCracklin), le gang fait défiler son juke-box du moment avec ses adaptations de Little Richard (“Slippin’ And Slidin'”, où s’illustre le pianiste Jeff Ceasrine), Big Mama Thornton (le tuant mambo “You Don’t Move Me No More”, auquel fait écho “I’ve Got A Feelin'”), Richard Berry (“Good Rockin’ Daddy”, où les cuivres recréent la dynamique de ceux du Ray Charles période Atlantic), Buddy Johnson (“Why Don’t Cha Stop It”) et Smiley Lewis (“Dirty People” et ses impeccables soli de Ceasrine et Vachon). Aussi convaincante sur des mid-tempi (les ballades louisianaises “Please Don’t Leave” de Wilbert Smith alias Lee Diamond, et “Tend To Your Business” de Dave Bartholomew) que sur les titres enlevés (“Tell Me Who” de Billy Myles, “Well Oh Well” de Tiny Bradshaw), la nouvelle chanteuse trouve même moyen d’insuffler, à peine intronisée, un sang neuf à cette rutilante machine bientôt sexagénaire. Comme ils l’énoncent en conclusion, “Boogie’s The Thing”: chapeau, madame, et bravo messieurs!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, October 10th 2025

Follow PARIS-MOVE on X

::::::::::::::::::::::::::

A commander sur le site de Alligator records