ROLLING STONES – Live At The Wiltern – Los Angeles 2002

Mercury / Universal
Rock
ROLLING STONES - Live At The Wiltern - Los Angeles 2002

Cette nouvelle exhumation des archives scéniques des Rolling Stones participe de leur mystère, et ce jusqu’au sens liturgique et moyen-âgeux du terme. En effet, alors qu’on les considérait alors déjà quasi-cacochymes, ils nous apparaissent à présent resplendissants de vigueur, tandis que les survivants du combo originel abordent désormais la rive octogénaire. Et bien que nous abreuvant depuis des lustres de lives issus de leur crypte d’abondance, force est bien d’admettre que ces grigous s’y entendent encore pour appâter le chaland. Ainsi, tandis que nous autres, pauvres Européens aussi auto-centrés que nos équivalents anglo-saxons, nous imaginions que leur fameuse tournée de 1995 nous avait réservé l’exclusivité des theater shows intimes (cf. leurs gigs au Paradiso d’Amsterdam et à l’Olympia de Paris, célébrés sur le récent “Totally Stripped”), ce document de 2002 témoigne de la capacité du gang de Richmond à en avoir perpétué l’exercice jusqu’au Wiltern Theater de L.A. (2.000 seats only, featuring Neil Young et Tom Petty au balcon). N’empêche, que peut bien ajouter cette nième collection à la geste des Pierres Déferlantes? Eh bien, hormis les incontournables (“Jumping Jack Flash”, “Brown Sugar”, “Bitch”, “Start me Up”, “Tumbling Dice”, “Honky Tonk Women”), quelques surprises y sont tout de même les bienvenues. Ainsi d’un “No Expectations” en provenance directe de “Beggar’s Banquet”, et d’un “Hand Of Fate” brillamment transposé de “Black & Blue”. Ou encore d’un “Can’t You Hear Me Knocking” où le sax du frère prodigue, Bobby Keys, se taille la part du lion sur un pont instrumental s’élevant vers l’eucharistie. Il faut également signaler l’inattendue réussite que constituent le “You Don’t Have To Mean It” rescapé du calamiteux “Bridges To Babylon” (chanté par un Richards sauvé du marasme par une escouade de chœurs et de cuivres), ainsi que ces “That’s How Strong My Love Is” et “Everybody Needs Somebody To Love” ravivant les racines rhythm n’ blues de la formation (ce dernier avec la participation ventripotente de son auteur in person, le regretté Solomon Burke). Si l’on ajoute à cette liste un “Rock Me Baby” certes quelque peu convenu (mais préfigurant de deux décennies “Blue And Lonesome”), et le fait que Keith s’avérait ici particulièrement en forme (défouraillant riffs et soli à foison), la plaie béante que laisse désormais l’absence définitive de Charlie est ici compensée par les sourires complices et gourmands que ce dernier échangeait alors avec ses congénères. Et à part Mick, qui oserait donc se pavaner ainsi dans un t-shirt arborant son propre nom floqué en caractères gothiques?

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, February 28th 2024

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https://www.youtube.com/watch?v=Gk-I5o8cMOw

Le concert est également présenté en UK sur la plateforme de la BBC, ICI