ROLLING STONES – Bridges To Buenos Aires

Eagle Vision / Universal
Rock

Pour les Stones et leur Bridges To Buenos Aires, ce sont deux chroniques pour le prix d’une…

Thèse: ici Thierry Roland et Jean-Michel Larqué, en direct d’un River Plate Stadium de Buenos Aires bondé à craquer, où les fabuleux Rolling Stones s’apprêtent à donner l’un de ces concerts d’anthologie dont ils détiennent le secret. Passé une introduction pyrotechnique digne de Caligula aux jeux du cirque, nos héros déboulent sur un “Satisfaction” pied au plancher. Le dénommé Keith Richards (ailier droit) apparaît revêtu d’un curieux peignoir aux motifs tigrés, tandis que Mike Jaeger (avant-centre) arbore un élégant blazer velours bleu, avec écharpe assortie. Côté jardin, un volatile évoquant à s’y méprendre Woody Woodpecker grimace quelques mimiques à l’intention d’un public manifestement déchaîné, tout en se consacrant davantage à sa cigarette allumée qu’à sa guitare éteinte. Dans ses caisses, le gardien de but dénommé Charlie scrute du coin de ses paupières plissées le menu du jour, dûment inscrit au feutre blanc délébile sur les parois de sa cage en plexiglas…

Antithèse: ces grigous usurpateurs qui osent encore se faire appeler les Rolling Bones (tandis que leur substantifique moëlle s’est dilapidée voici plus de trois décennies déjà dans les caniveaux du show-biz) passaient une fois encore relever ces lucratifs compteurs qu’irrigue la nostalgie. Hormis les supplétifs compétents que constituaient alors Lisa Fischer, Chuck Leavell, Darryl Jones et consorts, les trois Hibernatus originels peinaient déjà à se hisser à la hauteur de leur propre mythe (je-m’en-foutisme mis à part)…

Synthèse: plus de 35 ans après sa formation, le groupe qui réalisa non seulement l’exploit de survivre aux Beatles, mais surtout à lui-même, rameutait encore et toujours des foules exponentielles comme ici au River Plate Stadium de Buenos Aires. La set-list est peu ou prou la même que lors de leur précédente livraison (“Bridges To Bremen”), et pour cause: il s’agit bien de la même tournée… Ces réserves s’avèrent fondées, mais pourtant, pourtant (comme chantait Aznavour)… Une miraculeuse version de “Sister Morphine” et, dans une moindre mesure, une autre du “Little Queenie” de papa Chuck (dont un extrait live at Leeds figurait en B-side du single “Brown Sugar”) rachètent in extremis ces péchés véniels. Sans oublier cet improbable (et dispensable) bonus: sur son propre “Like A Rolling Stone”, un autre cryogénéisé notoire effectue ici une prestation hagarde, en guest reconnaissant ses royalties. Pour tout dire, même ce vieux Keith y chante mieux que l’intéressé (façon de parler, ce qui situe le niveau d’embarras).

Si vous faîtes partie des mêmes gogos que moi, ce nième attrape-nigaud garantira votre bonheur sous le sapin… Et sinon, tonton Jean-Claude se consolera bien avec le “Cure 40 Live”, va.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 30th 2019

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ROLLING STONES – “Bridges To Buenos Aires” est à retrouver sur le site des STONES, justement, ICI

Pour les inconditionnels et fans absolus, une version limitée 3 LP de couleur bleue, est disponible ICI