Roll & Les Enfants d’la rue – La Commune

Autoprod
Rock

En ces temps électoraux (Présidentielle derrière nous et législatives devant nous), il fait bon entendre l’expression de la rue et des ventres affamés. Ave Césars et autres empereurs modernes en costards de marques et montres hors de prix, ceux qui n’ont plus rien à perdre vous méprisent haut et fort, aboyant à votre passage télévisuel, montrant les crocs tant le mal-vivre les ronge. Ce que d’autres ont traduit en le chantant avec leurs tripes. Les années ont passé et les François Béranger, Colette Magny et autres chanteurs dits ‘engagés’ ont été peu à peu oubliés au fond des remises à vinyles. Il était temps que d’autres prennent la relève! C’est à ce bataillon d’artistes engagés qu’appartient Roll Pignault. Du moins à son avant-garde, peut-on espérer, car il serait bon que d’autres viennent le rejoindre pour que le mal-être de trop de personnes puisse être (enfin!) entendu. Car à moins d’être autiste, il est manifeste que cela s’agite dans les sous-sols de la société et que cela bouillonne sur les balcons des banlieues gangrénées par le chômage. Et comme la réflexion commune a gagné en maturité, Roll a compris que ce n’est plus la seule guitare acoustique qui pourra suffire à faire passer le message, mais qu’il faut également que tous les instruments se mettent au diapason, à la portée des mots. A mots furieusement réalistes et chargés de tristesse sociale latente, il fallait des sonorités en concordance. Au brûlot des mots il fallait faire correspondre le brasier des sons. C’est ce que Philippe ‘Filbonn’ Bonnet à la guitare électrique, Philippe ‘Pompon’ Scémama à la basse et Ghislain Rivera à la batterie sont chargés de faire. Accompagner avec force dans sa révolte musicale le chanteur guitariste harmoniciste et ses pamphlets rageurs.
Seule chose regrettable dans cette affaire, c’est que ce vent de révolte ne dure pas assez longtemps! Il s’agit ici en effet d’un EP proposant cinq chansons à écouter, à méditer, et que l’on aurait aimé voir durer plus longtemps. Beaucoup plus longtemps. Trop court pour que l’on ait le temps d’aiguiser nos baïonnettes, vous aurait dit un révolté de la Commune, premier titre de cet EP qui vous remue les tripes. Mais qu’à cela ne tienne, il s’agit ici d’un EP qui annonce un album explosif, bourré de dynamite, et qui traduira la parole de tous les délaissés, les oubliés, les ignorés de la société, ces anonymes que Roll appelle à devenir les Enfants d’la rue.

Dominique Boulay
Paris-Move , Blues Magazine

 

Le premier titre, à lui seul, mérite déjà que vous vous précipitiez sur cet EP aux couleurs révolutionnaires, rouge et noir. ‘La Commune’ n’est pas une chanson, elle est le cri qui sort du ventre de tous ceux qui n’en peuvent plus de vivre la tête baissée tandis que financiers et capitalistes s’engraissent sur leur dos. ‘On peut vivre dans des greniers, sous les toits,… Tôt ou tard viendra l’heure du réveil…!’. C’est dit, c’est chanté, c’est balancé à qui veut l’entendre, car le malaise actuel est tellement profond que tôt ou tard, oui, viendra l’heure du réveil.
Côté musical, c’est à l’image des paroles: guitare électrique à la limite du fusionnel, harmonica qui déchire le ciel et batterie enragée qui résonne comme un appel à cette heure du réveil. La voix de Roll Pignault est un cri de révolte, explosif, libéré, avec ces tonnes de cailloux dans le gosier comme s’il n’avait eu toujours que ça à sucer pour étancher sa soif de vie. L’ensemble vous arrache les tripes, tout comme ce second titre, ‘L’Ombre de la rue ‘, chanson qui vous fait vivre, ressentir, ce qu’un sans domicile fixe connait, chaque jour. SDF de la notoriété FM due aux chanteurs formatés et marketés, Roll vous fera voir les sans abris autrement, vous poussera à les saluer, les regarder dans les yeux. Les mots sont durs, terribles, et la voix de Roll énorme d’émotion. Ce n’est plus lui que vous écoutez, mais ce SDF que vous avez croisé hier ou avant-hier et auquel vous n’avez même pas offert un regard. Une chanson qui vous bouleversera et vous remettra le coeur et l’âme à l’endroit.
Cinq titres vous sont proposés sur cet EP pressé en tirage limité (dont l’un, la reprise de ‘Dieu nous regarde’, ne sera pas présente sur l’album final, nous a dit Roll. Histoire de rendre cet EP ‘collector’…?) et qui annonce un CD en fin d’année à situer entre révolutionnaire, explosif et dévastateur. Car tôt ou tard vient l’heure du réveil…!

‘Rebelle’ Phil
Paris-Move

Roll & Les Enfants d’la rue