Rolando Giordani – Back To Blues

Rolando Giordani - Back To Blues
Blues
Par les temps actuels, voir quelqu’un se décarcasser pour tout faire pour proposer un CD de ses propres compos (ici il y en a huit, tout de même, et pas une seule reprise, histoire de remplir le truc) est à saluer, surtout lorsque l’on entend partout les grosses armadas pleurer après le téléchargement illégal alors que ces mêmes armadas annonçaient elles-mêmes la fin du CD, l’avènement du tout numérique, du téléchargement en faisant un tour par la case départ et le paiement d’une cotise qui, après la disparition du vinyle puis du CD, aurait pu être fixée comme bon le voulaient ces requins avides de taxes et surtaxes. Mais bon, comme les jeunes ont fait preuve de vivacité et qu’une bonne partie de l’industrie, trop lourdingue, n’a pas su comment imaginer et proposer autre chose, alors on nous a sorti Hadopi, et puis on verra.
Revenons à notre Rolando, ce zicos qui, réuni avec tous les autres musiciens et autres petits labels indie, représenterait, comme le dit si bien une pub pour les p’tites boîtes et les artisans, le plus gros patron de France et dont tout le monde se fout éperdument, et revenons à cet opus qui mérite sincèrement le détour.
Sûr que de fines lames de magazines blouzeux et pas blues vont se faire un plaisir de scalper le Rolando, comme s’il avait commis un crime de lèse-Johnson, car l’opus est produit à la va comme je te pousse, avec les moyens du bord (et faut déjà savoir jouer avec son pognon pour sortir une galette avec livret, OK ? Alors rien que pour ça, respect, les blouzeux!), mais foi d’ancien guitariste, le Rolando y a mis tout ce qui en fait un vrai mec: ses tripes, sa rage, son âme, et ça, bordel, ça mérite un grand coup de chapeau.
Côté compos (y’en a huit, toutes signées Rolando Giordani) on sent que des titres datent un peu plus que d’autres, que pour certains ce sont des drums électroniques qui ont été employés, et idem pour la basse, mais dans l’ensemble, le tout se tient joliment bien et quelques titres méritent même le détour, comme l’enragé ‘I just want to play the blues’, le déglingué et trituré ‘Only Whisky’ où le loustic en envoie, à la gratte, sans oublier ‘the’ titre, la grosse perf de cet opus, ‘Devil’s Beverage’, un blues lent d’une efficacité diabolique qui vous colle au plafond, direct.
Avec de tels CD les artistes amateurs ne peuvent pas tricher car ils n’ont pas la bouée de sauvetage du studio dernier cri puis les super consoles de mixage. Ici, c’est du brut de décoffrage et ça vous défrise, direct, ou ça vous décalque. Avec de tels CD c’est tout l’un ou tout l’autre, c’est à remettre sur la platine et à réécouter ou à jeter, et avec Rolando Giordani c’est à remettre, direct, sur la platine car l’opus vous procure cet effet sensas que le mec est là, dans votre salon, et qu’il joue rien que pour vous.
Un premier essai qui ne demande qu’à être transformé.
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Rolando Giordani