Roger Glenn – My Latin Heart (FR review)

Patois Records – Street date : August 22, 2025
Jazz
Roger Glenn - My Latin Heart

Roger Glenn – My Latin Heart: Un hommage flamboyant à la tradition, à l’innovation et à la pulsation irrésistible du jazz afro-caribéen.

On dit que le mois d’août sera particulièrement latino dans le petit monde du jazz cette année. Et cela n’a rien d’étonnant lorsque l’on découvre My Latin Heart, le nouvel album du légendaire compositeur et flûtiste Roger Glenn, un artiste encensé par nul autre que Quincy Jones, qui déclara un jour: «I love your music and your ‘tude’… big time props.» Une telle reconnaissance en dit long, mais c’est bien l’album lui-même qui parle le plus fort.

Ce que propose ici Roger Glenn n’est ni une simple parenthèse nostalgique, ni un hommage convenu. C’est une déclaration musicale contemporaine, inventive, ancrée dans une tradition qu’il connaît intimement. Un kaléidoscope sonore qui retrace son parcours exceptionnel à travers les sphères du jazz et des rythmes latins. Il a joué de la flûte aux côtés du vibraphoniste Cal Tjader, du vibraphone avec le flûtiste Herbie Mann, et des deux instruments avec l’inégalable Dizzy Gillespie. Son premier enregistrement remonte à ses débuts avec la pionnière Mary Lou Williams, pianiste et compositrice de légende. Il a ensuite participé à des albums devenus cultes aux côtés du maître de la percussion cubaine Mongo Santamaria (Mongo ’70, Atlantic Records), du trompettiste funk-jazz Donald Byrd (Black Byrd, Blue Note Records) et du géant du latin jazz Cal Tjader (La Onda Va Bien, Grammy Award, Concord Picante).

Il ne s’agit donc pas ici d’un simple album réalisé par un vétéran du jazz, mais bien d’un manifeste personnel, porté par une vision artistique affûtée. Glenn maîtrise chaque détail : la chaleur des rythmes latins, l’élégance des mélodies, la clarté des arrangements, tout ici est signé par un artisan du son qui sait comment faire vivre la musique jusque dans le moindre recoin du studio. À cet égard, la production de My Latin Heart est tout simplement irréprochable.

Bien sûr, aucun album ne saurait à lui seul résumer la richesse et la diversité de l’univers de Roger Glenn, dont la créativité semble infinie. Pourtant, My Latin Heart en offre un aperçu éblouissant. Glenn y joue du vibraphone, de la flûte, du saxophone alto, du marimba, et même chante: une démonstration éclatante de ses talents multi-instrumentaux, nourris par une passion inépuisable pour les rythmes afro-caribéens et afro-brésiliens.

Derrière chaque morceau, on sent l’écho d’une vie passée à dialoguer avec les plus grands. «Je joue avec des icônes du jazz et du latin jazz depuis des années», confie Glenn, installé dans la baie de San Francisco depuis le milieu des années 1970. «J’ai adoré tous ces échanges musicaux variés. Ils m’ont tous conduit à ce moment précis. Je savais que c’était le moment idéal pour exprimer ma propre voix. Ces morceaux originaux viennent vraiment du cœur.»

Le morceau Brother Bill, par exemple, est à lui seul une référence. Jazz dans l’âme, baigné d’une énergie latino, il semble porté par une dualité fascinante. À l’écoute, on a parfois l’impression d’entendre deux morceaux en un, qui se croisent et se répondent avec intensité. Cette fusion vivante, presque organique, est le reflet même de l’art de Glenn: une passion en mouvement, sans cesse renouvelée.

Roger Glenn est un explorateur sonore. Il figure notamment sur l’album Taj Mahal and the Hula Blues Band: Live from Kauai, récompensé par un Hoku Award. Le chanteur de jazz Kurt Elling, lauréat d’un Grammy, l’a invité en tant que soliste à la flûte et au vibraphone. En tournée, Glenn a également dirigé un trio à l’orgue qui a assuré les premières parties de Steely Dan sur la côte ouest des États-Unis. Une autre tournée l’a même mené jusqu’en Nouvelle-Zélande et en Australie, où il jouait du saxophone baryton avec le Count Basie Orchestra.

En écoutant My Latin Heart, on ressent un confort familier, une chaleur rappelant certains albums de Stan Getz. Et pourtant, c’est bien une musique du XXIe siècle: contemporaine dans son esthétique sonore, dans sa façon d’occuper l’espace, de faire dialoguer les silences et les harmonies. Si vous aimez les belles mélodies, les textures raffinées, et le timbre enchanteur d’une flûte tenue par un véritable maître, alors cet album saura vous toucher en plein cœur.

Ce disque n’est pas seulement une réussite musicale, c’est un moment de grâce, une confession artistique, un aboutissement. Et surtout, c’est le témoignage vibrant d’un musicien qui a enfin décidé de raconter sa propre histoire, avec ses mots, dans ce langage universel qu’est la musique.

Thierry De Clemensat
Member at Jazz Journalists Association
USA correspondent for Paris-Move and ABS magazine
Editor in chief – Bayou Blue Radio, Bayou Blue News

PARIS-MOVE, July 23rd 2025

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To buy this album

Website

Musicians:
Riger Glenn, flute, alto sax, marimba, vocals
David K. Matthews, piano
Ray Obiedo, guitar
David Belove, bass
Paul Van Wagenngen, drums
Dereck Rolando, congas
Joihn Santos, vocals, percussions (7)
Michael Spiro, vocals, percussions (7.8)

Tracklist :
Zambo’s Mambo
Cal’s Guajira
Brother Marshall
A Night Of Love
Energizer
Congo Square
Angola
Samba De Carnaval