World expérimental

Enorme coup de poing dans l’âme avec ce nouvel opus de Rodolphe Burger! Comme d’habitude…, serai-je même prêt à rajouter. Et avec le chanteur breton Erik Marchand, l’effet est encore plus convaincant! Le second est musicien, chanteur, et il compte une multitude d’albums à son actif. Il a précédemment réalisé Before Bach en 2004, et déjà avec le premier nommé. Le titre de l’album Glück Auf, Bonne chance, est une référence à une devise d’entraide prononcée par les mineurs: “Pourvu que tu trouves du minerai et que tu reviennes vivant”. Sur cette superbe galette, huit titres, dont 4 traditionnels et 4 compositions de Yann-Fanch Kemener, Rodolphe Burger et Titi Robin, Asik Veysel, T.S. Eliot ou Martin Eicher. Le joueur de oud Mehdi Haddab, la joueuse de gadoulka (violon bulgare) et fabuleuse chanteuse Pauline Willerval, Rodolphe Burger, le bassiste Julien Perraudeau et le batteur Arnaud Dieterlen sont tous de l’expédition, car c’est de bien de cela qu’il s’agit. Car Glück Auf est un merveilleux voyage sonore exploratoire qui part dans toutes les directions. Vers une certaine Amérique, tout d’abord, celle de John Henry, héros de la classe ouvrière américaine (auquel Joe Bonamassa avait déjà rendu hommage dans le titre “The Ballad of John Henry”), de Bob Dylan et de T.S. Eliot dont Rodolphe Burger met un poème en musique… puis vers l’Orient, grâce à un texte additionnel inspiré de l’écrivain albanais Ismaïl Kadaré, Nuit albanaise, et la reprise d’un traditionnel turc de Asik Veysel superbement chanté par la violoniste Pauline Willerval. Le voyage se termine avec une reprise de Grauzone, groupe suisse fondé par Martin Eicher, avec “Eisbär”, de 1981. Attention, car on ne revient pas indemne d’un tel périple. C’est le genre de voyage qui vous marque profondément, vous fait voir les choses bien différemment, vous fait poser les bonnes questions, vous fait remettre les pieds sur terre… mais avec de merveilleuses images et cartes postales (sonores) que vous vous repasserez en boucle. Un périple qui effacera tout le négatif de ces deux dernières années. Et ce qui est certain c’est que l’on se sent beaucoup mieux, mille fois mieux, après l’avoir accompli!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, September 14th 2021