Rod Barthet – Les filles à l'écoute

Blues

Déjà fan de Deep Purple à l’âge de trois ans, Rod Barthet, auteur-compositeur, s’est forgé depuis maintenant une vingtaine d’années une belle notoriété dévoilant sa propre identité.
Au fil des rencontres, des voyages, le rêve du passionné prend forme, avec toujours cette envie de donner le meilleur de lui-même. Rod partage la scène en premières parties de John Lee Hooker, Roy Rogers, Joe Louis Walker, Jimmy Johnson, Bo Diddley, Wilson Picket, Alvin Lee, Mick Taylor et bien d’autres encore.
1998 est une année faste pour l’artiste, car de sa rencontre avec Boris Bergman nait un réelle complicité. Ce dernier sera désormais omniprésent pour l’accompagner dans sa carrière et lui écrire de superbes textes, à l’instar de ceux écrits pour Alain Bashung lorsque celui-ci était au firmament de son époque.
Après avoir sillonné les routes lors d’environ 1700 concerts en Europe, Etats-Unis, Turquie, Arabie Saoudite, Mexique… et 7 albums à son actif, entrons dans le vif du sujet avec ce nouvel opus enregistré à San Francisco, une de ses terres de rencontres et de prédilection, car je les devine quelque peu impatientes, ces ‘filles à l’écoute’!
Notre ‘frenchy’ s’entoure de prestigieux musiciens: Joe Gore à la guitare, Michael Urbano aux percussions, Kevin T. White à la basse et Fred Maggi au piano. Ces artistes ont respectivement joué avec les plus grands de ce monde, et même si la liste est longue, citons pour exemple Tracy Chapman, Tom Waits, PJ Harvey, John Hiatt, Willy DeVille, Billy Preston, Bo Diddley ou encore Jane Birkin.

Dès le premier titre, ‘pour nos enfants’, thème sur la tolérance et l’acceptation de la différence, la voix de Rod, si particulière, sensuelle et quelque peu envoûtante, ne suscite aucune comparaison, tout simplement, car elle est unique.
Ce messie tant attendu du renouveau de la scène française nous offre 10 compositions dont 5 avec la participation de Boris Bergman pour les textes. Ces titres ‘marche arrière’, ‘Dimaggio’, ‘les filles à l’écoute’ où le blues flirte avec une malicieuse indécence avec la pop, nous bluffent tout en nous baladant sur des mélodies intemporelles.
Quand Rod nous interprète ‘Gaby oh Gaby’, seule reprise de l’album, c’est de façon remarquable, rendant un superbe hommage au grand Bashung ponctué d’un clin d’oeil à son parolier.
Surfant sur la diversité, laissant la part belle à ses musiciens, Rod nous gratifie de quelques blues jubilatoires, tantôt acoustique à souhait, comme ‘l’amour c’est pas’, tantôt diaboliquement électrique, comme ‘Estethique’, en parfaite harmonie avec quelques envolées au clavier pour nous souhaiter la ‘bienvenue sur terre’.
Une petite visite s’impose, et donc suivez le guide car c’est ‘la fête à San Francisco’, cette ville magnifique bordée par l’océan pacifique où l’on peut encore avoir quelques rêves éveillés, concrétisés par un vécu, il y a quelques temps déjà, par l’invitation chez un vieux Monsieur noir nommé John Lee Hooker.
Notons tout de même une petite entorse à la langue de Molière avec ce titre ‘I’m a lucky man’, mais ce blues est tellement bon que nous pardonnons avec humour cette paranthèse et partageons ‘Marius’, ce dernier blues instrumental, dernier coup de coeur de cette galette ‘Les filles à l’écoute’.
Dissipons les doutes, le blues n’est pas une question de langue mais plutôt d’émotions et de feeling. Le blues chanté en français se porte bien, et Rod Barthet en est une preuve éclatante, parmi bien d’autres. Procurez vous cet album de toute urgence, vous en serez premièrement surpris, et deuxièmement totalement convaincus!

Alain Betton
Paris-Move

Rod Barthet